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Jean 3.13-21

Les hommes fuient la lumière de Dieu

© Max Dauner

Entrée en matière

De toutes les doctrines de la foi chrétienne, aucune n'est plus mal vue ni moins crue à notre époque que la doctrine de l'enfer. Elle scandalise la quasi totalité des non-croyants, et, à en croire un sondage réalisé dernièrement par le magazine L'Express, elle scandalise une solide majorité des pratiquants. À la question « Croyez-vous à l'enfer ? », soixante pour cent des pratiquants interrogés ont répondu « non ».

L'argument le plus courant formulé contre l'existence de l'enfer pourrait être exprimé ainsi : « Les souffrances physiques évoquées dans les Écritures sont barbares, primitives, grotesques et horribles. » En effet. Même si le feu et le souffre et les grincements de dents ne sont que des images, ce que représentent ces images est, effectivement, horrible. Mais ce n'est pas là un argument contre l'existence de l'enfer, ce n'est qu'une simple observation: l'enfer est horrible! Cela ne prouve rien du tout quant à son existence ou sa non-existence. Cette observation, aussi exacte qu'elle soit, ne devient un argument contre l'existence de l'enfer que si nous supposons qu'une chose aussi horrible ne peut pas exister. Or, c'est là une supposition tout à fait gratuite. Car les choses horribles, ça existe bien. La douleur physique au point de rendre fou, ça existe. La méchanceté humaine et la cruauté, ça existe. L'holocauste, ça a existé. Cette objection n'est pas tant un argument contre l'enfer qu'une confession de naïveté.

Le fait est que les souffrances des damnés ne sont pas des tortures d'ordre physique. 2 Thessaloniciens 1.9 (TOB) : Leur châtiment sera la ruine éternelle, loin de la face du Seigneur et de l'éclat de sa majesté. L'enfer est un état d'esprit, ce qui ne diminue en rien du tout son caractère horrible. Au contraire, rien sur la terre n'a autant de potentiel pour le bien ou le mal, pour le plaisir ou la souffrance, pour la joie ou l'horreur, que l'esprit.

Contrairement au ciel, l'enfer n'est qu'un état d'esprit, il est moins que réel. Dans son petit roman L'autobus du paradis (Le Grand Divorce), C.S. Lewis raconte une excursion en car que font quelques habitants de l'enfer pour rendre visite aux habitants du ciel. Un de ces derniers explique aux visiteurs (p. 76) : « Tout état d'esprit limité à lui-même, tout cloisonnement dans lequel s'enferme la créature est, en définitive, l'Enfer. Mais il n'en va pas de même du Ciel. Celui-ci est la Réalité. Tout ce qui est pleinement réel est céleste. »

En réalité, les damnés se trouveront dans le même lieu que les élus : ils se trouveront dans la réalité. Seulement, les damnés haïront cette réalité, ce sera leur enfer. Les élus aimeront cette réalité, ce sera leur paradis. C'est comme deux personnes assises l'une à côté de l'autre à l'opéra ou à un concert de rock: ce qui est le paradis de l'une sera l'enfer de l'autre.

L'enfer n'est pas au fond une punition qui nous sera imposée de l'extérieur. Il prend sa source au-dedans de nous, c'est un cancer spirituel qui nous dévore de l'intérieur. L'enfer ne fait pas partie intégrante de l'univers, ce n'en est pas un élément nécessaire. S'il existe, c'est que nous – êtres humains et angéliques – l'avons librement choisi et créé nous-mêmes. L'enfer est le revers de la médaille du libre arbitre. Tout le monde veut avoir la liberté de choisir, personne ne veut que l'enfer existe : mais on ne peut pas en avoir l'un sans l'autre. « Il n'existe, en fait, que deux sortes de gens: ceux qui disent à Dieu : 'Que ta volonté soit faite!', et ceux à qui Dieu se résout finalement à dire : 'Que ta volonté soit faite!' Tous ceux qui sont en Enfer ont choisi d'y être. Sans ce choix personnel, il n'y aurait pas d'Enfer. » (C.S. Lewis, L'autobus du paradis, p. 80).

Mais comment quelqu'un pourrait-il préférer l'enfer au ciel ? C'est une question de croyance. Quand nous sommes égoïstes, quand le plus grand bien consiste pour nous à satisfaire notre propre volonté, nous avons tendance à croire à la philosophie de l'égoïsme. Nous croyons que l'enfer est plus désirable que le ciel parce que l'enfer est de l'égoïsme pur. La raison pour laquelle nous ne poursuivons pas plus la sainteté, c'est à cause de nos croyances. Nous croyons que la sainteté est triste, pénible, ennuyeuse et inhumaine. Pour nous, la sainteté s'oppose à la joie, et nous préférons la joie. Platon a écrit son grand chef-d'oeuvre La république pour nous convaincre du contraire: que le bien est toujours plus profitable – plus sain, plus satisfaisant, plus joyeux – que le mal.

Seulement le diable, notre ennemi, est le père du mensonge. Il peut non seulement nous rendre égoïstes, il peut nous faire croire à l'égoïsme et nous fait confondre ainsi le ciel et l'enfer. Voilà pourquoi la foi – la confiance que nous avons en Dieu – est si importante. Satan nous dit que le fruit défendu, qui porte une étiquette disant « Que ma volonté soit faite », nous rendra heureux. Dieu nous dit que ce fruit est mortel, que si nous en mangeons, nous mourrons. La question est de savoir : « Lequel faut-il croire ? » Platon avait raison à moitié : si nous croyions vraiment que la sainteté nous rendrait plus heureux, nous serions plus saints. Son erreur était de chercher le remède dans la raison humaine plutôt que dans la foi.

Or, si Dieu est amour et lumière et si Dieu est omniprésent, comment les habitants de l'enfer pourront-ils en être séparés ? Dans un sens, ils ne le seront pas. L'éclat de Dieu et son amour sont partout présents, même en enfer. Seulement, les damnés, qui résistent à tout ce qui vient de Dieu, se fermeront à cette réalité et la déformeront. Ils ressentiront l'amour de Dieu comme de la colère, sa joie comme le désespoir, sa lumière comme un feu brûlant. Dieu aime les « ordures » de l'enfer (le mot « enfer » ne se trouve nulle part dans la Bible : le mot « géhenne », que Jésus utilise pour évoquer le châtiment définitif des pécheurs, désignait le ravin en dehors de Jérusalem où on déposait et brûlait les ordures), mais les ordures de l'enfer n'aiment pas Dieu et se barricadent contre son amour. Les portes de l'enfer sont fermées à clé de l'intérieur.

Les damnés haïssent Dieu parce qu'il leur demande de venir à sa lumière à lui, et cela les blesse dans leur orgueil, ce serait la mort de leur égoïsme. Ils voient Dieu comme l'ennemi de ce qui leur est le plus cher: leur désir d'être leur propre dieu. Alors que les habitants de l'enfer n'aiment pas Dieu, lui les aime, et c'est là leur torture. Les flammes de l'enfer sont faites de l'amour divin. L'amour offert à celui qui ne veut que haïr est une torture. Si le soleil pouvait cesser de briller, ceux qui aiment les ténèbres ne seraient plus torturés par la lumière. Mais le soleil ne peut cesser de briller, pas plus que Dieu ne peut cesser d'aimer.

La question n'est pas de savoir si Dieu est amour ou si Dieu est lumière : la question est de savoir comment nous les hommes allons réagir à l'amour et à la lumière de Dieu quand il nous les fait connaître.

Introduction

Le texte de notre étude, Jean 3.13-21, constitue la dernière partie de l'entretien de Jésus avec le pharisien Nicodème. En réalité, ce dialogue va se transformer en monologue, monologue qui aura pour sujet, justement, la mission de Jésus en tant que manifestation de l'amour et la lumière de Dieu et puis la réaction des hommes face à cette mission.

L'envoi du Fils de Dieu jettera de la lumière sur trois choses, les manifestera : (1) le dessein « caché » de Dieu pour donner la vie à son peuple condamné à périr, versets 13 à 15 : (2) l'amour de Dieu pour le monde, versets 16 à 17 : (3) la vraie attitude des hommes vis-à-vis de la lumière divine, versets 18 à 21. La venue de Jésus en Israël apportera une lumière qui illuminera trois visages restés jusque-là dans l'ombre : le visage du Messie, le visage de Dieu, et le visage des hommes face à Dieu.

L'élévation du Fils de l'homme

Jean 3.13 (XLD) : Oui ! Nul n'est monté au ciel hormis celui qui est descendu du ciel, le Fils de l'homme. Seul le Fils de l'homme connaît et peut nous dire quel est le dessein mystérieux, caché, secret, du Père en faveur des hommes.

Pourquoi lui seul ? Parce que nul homme n'est jamais monter au ciel, sous-entendu, pour y apprendre les secrets de Dieu et revenir pour les rapporter. Aucun homme : aucun fondateur de religion, aucun gourou, aucun mystique, aucun théologien. Même pas les prophètes de l'Ancien Testament. Dieu a seulement laissé tomber comme une aumône quelques miettes de révélation, quelques rayons de lumière, que les prophètes ont transmis au peuple d'Israël. Mais ils n'ont jamais été pleinement admis aux secrets du dessein de Dieu.

A cette impossibilité humaine de connaître les pensées intimes de Dieu, il n'y a qu'une seule exception : le Fils de l'homme. Lui vient du ciel, il a son chez-soi auprès de Dieu, où il a reçu toutes les connaissances, toute la vérité. En matière de sagesse divine, Jésus possède tout ce que possède le Père. Jean 3.35 (XLD) : 35 Le Père aime le Fils et il a tout remis en sa main. Or, le Fils a accepté la mission de descendre du ciel justement pour nous faire connaître ce qu'il a vu et entendu chez son Père.

Comment Jésus va-t-il nous faire connaître le dessein secret de Dieu ? Par ses paroles enregistrées pour nous dans les évangiles ? En partie, oui. Mais Jésus n'est pas vraiment venu nous remettre un enseignement religieux ou un corps de doctrines spirituelles à maîtriser. Ce n'est pas simplement en parlant qu'il accomplira sa mission de révélateur. Jean 3.14-15 (XLD) : Et comme Moïse éleva le serpent dans le désert, ainsi faut-il que soit élevé le Fils de l'homme, 15 afin que tout homme qui croit ait par lui la vie éternelle.

Jésus fait allusion à un épisode de l'histoire juive rapporté en Nombres 21. Fatigués de leur longue marche dans le désert, les Israélites libérés de l'esclavage égyptien se mettent à râler contre Dieu et Moïse. Pour punir leur rébellion, Dieu envoie contre eux un fléau de serpents venimeux qui cause la mort d'un grand nombre des coupables et pousse le peuple à la repentance. Alors Dieu ordonne à Moïse de fabriquer un serpent de bronze et de le dresser sur un étendard au milieu du camp. Nombres 21.8 (FC) : 8 Quiconque aura été mordu et le regardera aura la vie sauve. Chouraqui traduit la dernière partie du verset: « le verra et vivra ».

Il va sans dire que le remède ordonné par Dieu et appliqué par Moïse n'avait absolument aucune valeur thérapeutique objective. Du point de vue de la science médicale, le serpent de bronze était une absurdité. Cet objet ne prend son vrai sens qu'en tant que signe de la puissance de Dieu pour guérir et sauver de la mort et en tant que préfiguration du Messie. On peut en effet discerner deux points de comparaison entre l'histoire du serpent de bronze et le mystère de Jésus.

Premièrement, Jésus doit être, comme le serpent, élevé au milieu de son peuple, allusion à la fois à son élévation sur la croix et à son ascension au ciel. Et c'est dans cette élévation de Jésus que se réalisera sa grande oeuvre de révélation. Aux juifs qui lui demandent qui il est, Jésus répondra, Jean 8.28 (XLD) : 28 « Quand vous aurez élevé le Fils de l'homme, alors vous comprendrez que je [le] suis [d'en haut] : de moi-même je ne fais rien, mais tout comme le Père m'a enseigné, je proclame ces choses. » Jean 12.32 (XLD) : 32 « Et moi, quand je serai élevé de terre, j'attirerai tous les hommes à moi. »

Le deuxième point de comparaison c'est qu'une condition est posée pour être délivré de la mort. Au désert, les Israélites mortellement mordus devaient lever les yeux vers le serpent dressé comme une bannière au-dessus d'eux. De même, il faudra que les hommes mordus et empoisonnés par le serpent ancien, Satan, lèvent le regard vers le Christ, reconnaissant dans la croix la puissance de Dieu pour les guérir du péché et de la mort. Nicodème et les juifs de son temps se trouvent menacés par la mort. Le jugement de Dieu les guette, ils ont besoin d'en être sauvés. Jean 8.24 (XLD) : 24 « Je vous ai dit que vous mourrez dans vos péchés: oui, si vous ne croyez pas que je [le] suis, vous mourrez dans vos péchés. »

L'amour de Dieu manifestée

Le verset suivant, Jean 3.16, exprime, peut-être aussi bien que n'importe quel autre texte des Ecritures, l'amour de Dieu pour l'humanité. Jean 3.16 (XLD) : 16 « Car Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais ait la vie éternelle. » Avez-vous jamais réfléchi à tous les problèmes que Dieu doit affronter dans son désir de nous aimer ? Nous devrions pouvoir les comprendre, car nous en avons les mêmes dans notre expérience de l'amour humain.

Par exemple : « Que faut-il faire si tu aimes une personne qui ne sait même pas que tu existes ? » Avez-vous jamais eu ce problème-là ? Qu'avez-vous fait ? Vous avez essayé de vous faire remarquer par cette personne. C'est un vieux scénario de film dont on s'est servi des dizaines de fois. La héroïne est une actrice qui a un petit rôle dans une pièce de théâtre ou une danseuses dans une comédie musicale. Tous les soirs, elle a dans l'auditoire un admirateur anonyme. Chaque soir, elle reçoit un bouquet de fleurs avec une carte qui dit : « De la part d'un admirateur. » Elle commence à se demander qui ça pourrait être: elle essaie d'imaginer à quoi il ressemble: elle pense souvent à lui. Et puis un jour il finit par l'inviter à dîner, ils tombent amoureux, ils se marient, vivent heureux et ont beaucoup d'enfants.

Voilà ce que Dieu a fait. Nous ne le connaissions pas, mais lui nous a connus et nous a aimés. Il nous a envoyé des fleurs: il s'agissait parfois de prophètes, parfois de bénédictions de sa providence. Parfois Dieu murmurait son amour dans les arbres et les couchers de soleil. Et puis un jour, sur une colline solitaire en dehors de Jérusalem, Dieu a signé la carte.

J'ai lu l'autre jour un article au sujet d'un conseiller conjugal qui prépare des couples fiancés au mariage. Cet homme disait que quand il demande aux fiancés depuis combien de temps ils se connaissent, la femme dira presque à coup sûr qu'ils se connaissent depuis trois ou quatre ans alors que l'homme dira deux ou trois ans. Il en a tiré la conclusion suivante: pendant une année entière, l'homme ne savait même pas que la femme existait. Elle le connaissait et l'aimait avant qu'il ne sache même qu'elle existe. Il en est de même pour nous. 1 Jean 4.10, 19 (TOB) : 10 Voici ce qu'est l'amour: ce n'est pas que nous avons aimé Dieu, c'est lui qui nous a aimés et qui a envoyé son Fils en victime d'expiation pour nos péchés. […] 19 Nous, nous aimons, parce que lui, le premier, nous a aimés.

Dieu doit faire face à un deuxième problème dans son désir de nous aimer : « Que faut-il faire si tu aimes quelqu'un et qu'il ne t'aime pas en retour ? » Un amour non partagé est une chose très douloureuse. Et ce qui est intéressant, c'est que les gens qui en sont les victimes essaient presque toujours le mauvais remède. Ils essaient la manipulation psychologique : « J'ai un cancer. Ne pourrais-tu pas avoir assez de compassion pour me donner ton amour pour le peu de temps qu'il me reste ? » Ils essaient la violence : « Si tu n'acceptes pas de m'aimer, je vais démolir le portrait à ton petit frère. » Ils essaient la persistance : « Tu n'auras pas le choix. Je vais te poursuivre et t'embêter jusqu'à ce que tu cèdes. » Ils essaient la culpabilisation : « Je t'ai aimée pendant si longtemps: je t'ai invitée à sortir avec moi : j'ai fait tant de choses pour toi. Tu pourrais au moins m'aimer un peu. Sinon, je me tuerai et ce sera ta faute. »

J'ai entendu parler d'une jeune femme en Sicile qui restait indifférente aux attentions d'un prétendant persistant. Après avoir essayé de le décourager par tous les moyens, elle finit par appeler la police et obtient du tribunal une décision de contrainte. Le juge interdit au type d'essayer de la voir ou de lui appeler, sous peine d'aller en prison. Bien sûr, l'injonction de la cour ne suffit pas pour le décourager et il est bientôt arrêté et jeté à nouveau en prison. Seulement, dès sa sortie, il se dirige tout droit vers le téléphone le plus proche et appelle la femme. Aux dernières nouvelles, il avait été arrêté onze fois. Aimer quelqu'un qui ne t'aime pas en retour peut être une chose horrible.

Dieu est très sage dans les voies de l'amour. Il sait que si tu veux que quelqu'un t'aime en retour, il faut y aller avec beaucoup de douceur. Il aurait pu nous forcer à l'aimer, mais cela n'aurait pas été l'amour. Moi, je peux obliger mes deux fils de me témoigner tous les signes extérieurs de l'amour, mais je ne peux pas les obliger de m'aimer. Je peux leur dire : « Vous m'aimerez, sinon je ne vous causerai plus jamais. » Je peux leur dire : « Si vous ne m'aimez pas, je vous flanquerai la fessée de votre vie. » Ils pourront alors m'embrasser et me donner des bisous et faire pour moi toutes sortes de gentillesses, mais ils ne m'aimeront jamais. Vous savez pourquoi ? Parce que pour être authentique, il faut que l'amour soit librement donné.

A l'incarnation, Dieu a envoyé la balle dans le camp du monde. Il disait : « Je vous aime, je vous ai montré mon amour, mais je ne vous forcerai pas à l'accepter. Il faut que vous veniez à moi de votre propre gré. Vous n'êtes pas obligé de venir les mains pleines ni avec des performances religieuses impressionnantes ni même avec un amour comme le mien. Mais il faut que vous veniez. Si vous avez soif, je vous donnerai de l'eau vive, parce que je vous aime. Mais il faut quand même que vous en buviez. Si vous avez faim, je vous donnerai le pain de vie, parce que je vous aime. Mais il faudra quand même que vous en mangiez. Si vous êtes fatigués de porter un lourd fardeau, je vous donnerai le repos, parce que je vous aime. Mais il faudra quand même que vous vous appuyiez sur moi. Si vous êtes souillés par le péché je vous pardonnerai et vous laverai, parce que je vous aime. Mais il faudra quand même que vous veniez. »

Il y a un troisième problème que Dieu doit affronter en nous aimant : « Que faut-il faire si tu aimes quelqu'un et qu'il ne se montre pas digne de ton amour ? » Un jeune homme parlait un jour à un ami et disait qu'il ne sortait plus avec les filles. Son ami lui a demandé si c'était parce qu'il était trop timide. Il a répondu : « Pas du tout. Le problème, c'est que j'arrive pas à trouver une fille qui plaise à ma mère. » Sa mère avait décidé que personne ne serait jamais assez bien pour son fils. Dieu le Père a décidé la même chose, seulement là où la femme se faisait des illusions, Dieu, lui, a tapé dans le mille. Aucun de nous se sera jamais digne de l'amour qu'il nous montre dans son Fils.

Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique alors que personne dans le monde n'était digne d'un tel cadeau. L'autre jour j'ai lu l'histoire d'un adolescent qui a acheté une orchidée pour sa petite amie. C'était la première orchidée qu'il avait jamais achetée et la première orchidée qu'elle avait jamais reçue. Il y avait avec l'orchidée une petite carte qui disait : « Avec tout mon amour et la plus grande partie de mon argent de poche. » Eh bien, Dieu disait : « Avec tout mon amour et tout mon argent de poche. Voilà à quel point je vous aime. » Avant qu'on n'ait pu le mériter ou le gagner ou même le demander, Dieu a aimé le monde.

Quel monde ? Tout d'abord, le monde représenté par Nicodème: le monde juif incrédule du premier siècle. Le monde dont Jésus dira dans Jean 15.25 (TOB) : 25 « Mais c'est pour que s'accomplisse la Parole qui est écrite dans leur Loi : Ils m'ont haï sans raison. » Mais c'est aussi le monde des hommes en général : les hommes qui ont méprisé la grâce de Dieu, mangé sa nourriture, respiré son air, consommé ses dons et blasphémé son nom. Un monde profané de crimes innombrables, rebelle à son bienfaiteur. Chometon commente ce verset : « Si Dieu avait fait un choix dans l'humanité, s'il avait tant aimé, dans son peuple, l'élite morale et les héros de la spiritualité, la chose serait moins étonnante : mais il aime tout entier ce fleuve humain qui roule dans une nauséabonde et insondable corruption ! »

Mais comment en être certain ? Qu'est-ce qui nous prouve que Dieu est pour nous ? « Il a donné son Fils unique. » Jésus est le Fils unique du Père. Il n'y en a pas d'autres comme lui. En donnant son Fils, Dieu donnait ce qu'il y avait de plus cher et de plus précieux dans l'univers entier. Par ce don, nous apprenons que Dieu est pour chacun de nous, qu'il veut nous faire du bien. Le Fils est venu en directe du sein du Père pour effacer une fois pour toutes tous les doutes que nous pouvons avoir là-dessus. Et, bien sûr, ce don comporte nécessairement l'élévation du Fils sur la croix. C'est là que la révélation de l'amour de Dieu atteint son point culminant. Un jour j'ai demandé à Dieu combien il m'aimait. Il a écarté les bras (en forme de croix) et a dit : « Comme ça. » Puis il est mort.

« Afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais ait la vie éternelle. » Nous qui croyons et qui attendons la vie éternelle, nous sommes comme une chenille enfermée à l'intérieur de son cocon. Elle est vivante là-dedans, elle se développe, elle se transforme. Et puis un jour, toc! le papillon sort. Il en est de même pour nous. Dieu nous forme à l'intérieur, il nous métamorphose petit à petit à l'image de son Fils. Puis un jour, le cocon éclatera et nous nous envolerons dans un corps nouveau, glorieux et immortel.

Jean 3.17 (XLD) : Car Dieu n'a pas envoyé son Fils dans le monde pour juger le monde, mais pour que le monde soit sauvé par lui. La condamnation ne provient pas de l'initiative de Dieu, mais uniquement du choix des hommes. Dieu leur offre la vie, eux s'obstinent à périr. Il leur donne Jésus, eux réclament Barabbas. Il les supplie et leur envoie la lumière, et comme des larves grouillant sous un rocher ils se replongent dans les ténèbres. Etant donnée toute l'hostilité que les envoyés de Dieu avait rencontrée en Israël, l'envoi du Fils représente une grâce incroyable. Luc 20.13 (BJ) : 13 « Le maître de la vigne se dit alors : 'Que faire? Je vais envoyer mon fils bien-aimé: peut-être respecteront-ils celui-là.' » Un acte d'amour destiné à éveiller la foi, même chez les pharisiens meurtriers, afin qu'ils ne périssent pas.

L'homme face à la lumière

Jean 3.18 (XLD) : « Qui croit en lui n'est pas jugé : qui ne croit pas est déjà jugé, parce qu'il n'a pas cru au nom du Fils unique de Dieu. » L'ombre de la mort plane sur le monde juif : Dieu a déjà arrêté sa destruction, il a déjà condamné le figuier stérile à être abattu et jeté dans le feu. Mais avant que ce jugement se réalise, Dieu envoie son propre Fils pour offrir aux juifs condamnés leur dernière chance de salut. Une minorité d'entre eux croiront en lui et échapperont au jugement. Le plus grand nombre rejetteront le Fils et se fermeront à sa lumière. Comme le malade sur son lit de mort qui refuse le seul remède qui peut encore le guérir, ils se condamneront eux-mêmes.

Pourquoi ce refus mortel ? Pourquoi s'accrocher au judaïsme pourri et condamné plutôt que venir à Jésus ? Jean 3.19-21 (XLD) : « Et le jugement, le voici : la lumière est venue dans le monde et les hommes ont aimé les ténèbres de préférence à la lumière, car leurs oeuvres étaient malignes. 20 Car quiconque accomplit le mal hait la lumière et ne vient pas à la lumière afin que ses oeuvres ne soient pas dévoilées : 21 mais celui qui fait la vérité vient à la lumière, afin qu'il soit manifesté que ses oeuvres sont faites en Dieu. »

Jésus oppose deux genres d'oeuvres: des oeuvres mauvaises, et des oeuvres faites en Dieu. Spontanément, nous prenons ces « oeuvres » pour des actions morales, bonnes ou mauvaises. Mais cette perspective nous mettrait sur une mauvaise piste. Jésus est-il en train de dire que les pécheurs – les collabos et les prostituées – n'arriveront pas à la foi, et que seuls les gens moralement bons s'ouvriront à la lumière ? Jésus est-il en train de dire que la sainteté est une condition préalable à la foi ? Pas du tout.

Quelles sont alors ces oeuvres qui sont soit mauvaises, soit faites en Dieu ? Un jour les juifs diront à Jésus, Jean 6.28-29 (XLD) : « Que devons-nous faire pour oeuvrer les oeuvres de Dieu?» 29 Jésus leur répondit et leur dit : « L'oeuvre de Dieu, c'est que vous croyiez en celui qu'il a envoyé. » L'oeuvre par excellence attendue de l'homme, c'est la foi: tout comme, chez Jean, le péché par excellence, c'est l'incrédulité. Et surtout l'incrédulité qui se cache derrière la religion.

Pourquoi les juifs se fermeront-ils à la lumière du Christ ? Parce que, malgré toute leur activité religieuse, et malgré toutes leurs apparences de piété, ils n'ont jamais vraiment cru à la parole de Dieu et ils ont peur que leur incrédulité et leur hypocrisie religieuse ne soient démasquées. Jean 5.46 (XLD) : « Car si vous croyiez Moïse, vous me croiriez aussi. » Ils sont religieux, ils sont pieux, mais ils ne sont pas croyants ! S'attacher à des traditions ou des pratiques religieuses, même chrétiennes, même avec fanatisme, ne signifie pas nécessairement qu'on a la foi. Leur refus du Christ est la preuve que les pharisiens ne croyaient pas.

Inversement, le vrai juif, celui qui est engendré d'en haut, celui qui s'est ouvert à la vérité de l'Ancien Testament et à la prédication de Jean-Baptiste, celui dont la religion était faite en Dieu, lui il viendra nécessairement à la lumière. Il est déjà en chemin. Et par là il échappera au jugement divin qui plane sur son peuple.

Ces versets s'appliquent-ils uniquement aux juifs ? Ils sont clairement les premiers concernés. Toutefois, Dieu ne se fait pas connaître aux hommes uniquement par l'Ancien Testament. Il se manifeste aussi dans la création, dans l'histoire, dans notre vie. Il nous donne l'air à respirer, il nous envoie le soleil et la pluie, il nous laisse connaître l'amour, il nous fait aspirer au bien et au vrai, il nous montre en nous-mêmes et dans les autres toute la laideur du péché. Tout ce que Dieu fait dans le monde a pour but de nous attirer vers la lumière, la vérité, la vie – vers lui-même. Tous les hommes subissent cette attraction et y répondent, soit en s'y ouvrant, soit en s'y fermant.

Conclusion

Les gens, par centaines de milliers, dépassent Jésus en courant et vont se jeter du haut d'une falaise. Emu jusqu'aux larmes, il leur demande : « Mais qu'est-ce que vous faites ? » Ils répondent : « Nous allons en enfer ! » Il leur demande pourquoi et ils lui disent : « Parce que Dieu nous y envoie. Il veut que nous allions en enfer ! » Le Christ, perplexe, leur dit : « Mais Dieu, c'est moi et je n'ai jamais voulu que vous alliez en enfer ! » Ayant entendu cela, un bon nombre d'entre nous lui ont dit : « Tu veux dire que nous ne sommes pas obligés d'y aller ? Dans ce cas, nous n'y allons pas ! »

Il n'existe pas des hommes et des femmes rejetés par Dieu : par contre il existe un Dieu rejeté par des hommes et des femmes. Et en rejetant Dieu, ils s'exilent eux-mêmes dans les ténèbres. Dieu se voit obligé de prononcer le verdict qu'ils ont eux-mêmes réclamé. Mais le dernier mot de Dieu c'est l'amour, l'amour manifesté dans le don de son Fils. Ce don a déjà été offert, vous n'avez à étendre vos mains pour le recevoir gratuitement. Allez-y, prenez-le. Vous ne pouvez pas le voler, c'est un don : vous ne pouvez pas l'acheter, c'est un cadeau. Tout ce qu'il attend c'est l'assentiment de votre coeur reconnaissant.

Tout cela vous semble peut-être trop beau pour être vrai ? Je peux comprendre votre hésitation. Mais lisez vous-même la parole de Dieu et vous verrez que ce n'est pas trop beau pour être vrai. Vous verrez que c'est trop beau pour ne pas être vrai. Peut-être avez-vous peur que Dieu vous refuse ce don parce que vous êtes bien trop mauvais ? Peut-être avez-vous peur que Dieu finisse par en avoir marre de votre faiblesse et qu'il vous laisse tomber ?

Vous avez deux possibilités : vous pouvez douter de votre Dieu ou vous pouvez douter de vos doutes. Doutez maintenant de vos doutes en écoutant la voix de Dieu telle qu'elle se fait entendre dans la bouche de celui que nous appelons Jésus de Nazareth. Jean 3.16-17 (XLD) : 16 « Car Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais ait la vie éternelle. 17 Car Dieu n'a pas envoyé son Fils dans le monde pour juger le monde, mais pour que le monde soit sauvé par lui. »