Entrée en matière
2 Corinthiens 4.16-18 (TOB) : C'est pourquoi nous ne perdons pas courage et même si, en nous, l'homme extérieur va vers sa ruine, l'homme intérieur se renouvelle de jour en jour. 17 Car nos détresses d'un moment sont légères par rapport au poids extraordinaire de gloire éternelle qu'elles nous préparent. 18 Notre objectif n'est pas ce qui se voit, mais ce qui ne se voit pas; ce qui se voit est provisoire, mais ce qui ne se voit pas est éternel.
Depuis près d'un siècle, nous sommes soumis, vous et moi, à un véritable bombardement de propagande maléfique. Presque toute notre éducation a pour objectif d'étouffer cette voix timide et insistante au plus profond de nous; presque toutes nos philosophies modernes ont été conçues pour nous convaincre que le bonheur de l'homme se trouve ici-bas.
Notez par exemple comment on cherche à nous persuader que la planète Terre est notre patrie. D'abord on nous rabâche que la terre peut devenir un véritable paradis, étouffant ainsi notre impression d'être des étrangers et des gens de passage ici-bas. Puis on nous dit que cet événement réjouissant n'est pas pour demain, trompant ainsi notre intuition que le monde actuel ne peut pas nous offrir un asile durable. Enfin, de peur que notre aspiration vers l'éternel ne prenne le dessus et vienne tout gâter, on met en oeuvre tous les moyens de persuasion pour écarter de notre esprit la pensée que même si l'homme devait goûter sur terre tout le bonheur qu'on nous promet, chaque génération en serait privée par la mort.
On a beau faire, nous restons persuadés qu'il existe en nous un désir qu'aucun bonheur terrestre ne peut combler. L'objet de ce désir, c'est le ciel, objet que nous avons du mal à imaginer. Cela est tout à fait normal: le ciel, par définition, reste en dehors de la sphère de notre expérience. Je n'y suis jamais monté moi-même, aucun de nous n'y est jamais monté. Il est vrai que les Ecritures saintes nous décrivent un peu cette patrie lointaine mais c'est en termes symboliques. Or, un symbole n'est pas la réalité; le ciel, par exemple, n'est pas un foisonnement de pierres précieuses. Toujours est-il que les symboles recèlent des vérités que nous avons besoin de connaître et que nous pouvons saisir.
Or, les données de l'Écriture au sujet du ciel se résument grosso modo en trois points. La Bible nous promet, premièrement, que nous serons avec Jésus Christ auprès de Dieu ; deuxièmement, que nous serons semblables au Christ, dotés d'un corps spirituel et immortel ; et troisièmement, avec une surabondance d'images et de symboles, que nous recevrons la gloire. C'est sur cette dernière notion de « gloire » que j'aimerais m'arrêter quelques instants.
Pour la plupart des gens, le mot « gloire » évoque l'idée de célébrité, de prestige acquis auprès de nos semblables. Il nous est presque impossible de penser à la gloire sans penser en même temps au poison mortel qui l'accompagne presque inévitablement chez l'homme : l'admiration de soi.
Mais la gloire que promettent les Écritures n'est pas définie par rapport à nos semblables. C'est plutôt le renom ou l'honneur que nous avons auprès de Dieu ; c'est son approbation, cet éloge fait par le maître dans la parabole des talents : Matthieu 25.21 (TOB) : 21 « C'est bien, bon et fidèle serviteur. » C'est la satisfaction légitime d'avoir pu plaire, au-delà de toute espérance, à la personne pour le plaisir de laquelle nous avons été créés. Il n'y a plus alors de place pour la vanité. Nous sommes libérés de la misérable illusion d'y avoir été pour quelque chose. Sans la moindre trace de ce que nous appellerons la suffisance, nous goûtons la joie innocente d'être ce que Dieu a fait de nous.
L'autre jour je lisais quelque part que l'essentiel est ce que nous pensons de Dieu. Il est vrai que ce que nous pensons de Dieu est important, mais ce que Dieu pense de nous est infiniment plus important. Il est écrit qu'un jour nous comparaîtrons tous devant le tribunal du Seigneur, qui se tournera vers chacun de nous soit pour nous conférer une gloire ineffable, soit pour nous infliger une honte que nous ne pourrons jamais effacer ou dissimuler. La gloire promise – chose incroyable et uniquement possible grâce à Jésus Christ – consistera à avoir l'approbation de Dieu ; à lui plaire ; à être accueillis, acceptés, reconnus ; à faire ses délices, comme l'oeuvre fait la joie de l'artiste ou le fils celle du père. Un honneur bien au-delà de nos mérites. Cela semble trop beau pour être vrai, un « poids de gloire » que notre pensée a de la peine à supporter. Et pourtant c'est ainsi.
En attendant, nous sommes encore à l'extérieur du monde réel, nous sommes du mauvais côté de la muraille impitoyable de ce monde. Mais une brèche s'est ouverte, et nous sommes conviés à suivre notre grand capitaine à l'intérieur. L'essentiel, bien sûr, c'est de lui faire assez confiance pour s'y engager.
Un homme se promène un jour sur un chemin de montagne et, un peu perdu dans ses pensées, ne fait pas trop attention où il met les pieds. Tout d'un coup, il dérape et passe par-dessus le bord d'une falaise. Heureusement pour lui, il y a une branche qui pousse sur la face de la falaise et qu'il réussit de justesse à attraper. Sachant qu'il ne pourra pas tenir long
temps, il commence à crier au secours : « Il y a quelqu'un là-haut ? » Une voix lui répond : « Oui, je suis là. » L'homme : « Qui ça ? » La voix : « Le bon Dieu ». L'homme : « Dieu, aide-moi ! » La voix : « Tu me fais confiance ? » L'homme : « Oh, oui, Seigneur, je te fais confiance à 100%. » La voix : « Très bien. Lâche la branche. » L'homme : « Quoi ? » La voix : « J'ai dit : lâche la branche. » Après un long silence, l'homme reprend : « Il y a quelqu'un d'autre là-haut ? »