Jean 1.19 (XLD) : 19 Et tel est le témoignage de Jean lorsque, de Jérusalem, les juifs lui envoyèrent des prêtres et des lévites pour l'interroger : « Qui es-tu ? » Le terme « les juifs » désigne ici, comme c'est souvent le cas dans l'évangile de Jean, non pas le peuple juif dans son ensemble mais les autorités religieuses du judaïsme. Ces autorités voyaient d'un mauvais œil le mouvement populaire déclenché par le Baptiste, sans doute du fait qu'il existait de manière indépendante par rapport aux institutions officielles de l'époque. Par conséquent, une commission d'enquête est formée et envoyée, questionnaire en main, auprès de ce réformateur religieux. Première question : « Pour qui te prends-tu ? »
Jean 1.20 (XLD) : 20 Et il reconnut et il ne nia pas, et il reconnut : « Ce n'est pas moi le Christ. » Au premier siècle de notre ère, sous l'occupation romaine, l'attente du Messie est très vive en Israël. On rêve d'un libérateur qui expulsera les Romains et fera de la nation sainte une sorte de paradis. Luc 3.15 (TOB) : 15 Le peuple était dans l'attente et tous se posaient en eux-mêmes des questions au sujet de Jean : ne serait-il pas le Messie ? A ces spéculations, Jean lui-même oppose un « non » catégorique.
Deuxième question. Jean 1.21 (XLD) : 21a Et ils l'interrogèrent : « Quoi donc ? Es-tu Elie ? » Mais le grand prophète hébreu Elie est mort depuis neuf cents ans ! Pourquoi donc cette question ? Les enquêteurs font sans doute allusion au tout dernier oracle de l'Ancien Testament. Malachie 3.23 (TOB) : 23 Voici que je vais vous envoyer Elie, le prophète, avant que ne vienne le jour du Seigneur. Selon la croyance populaire, l'arrivée de la délivrance d'Israël serait précédée – ou même se réaliserait – par le retour de ce grand personnage du passé. Quelles que soient les idées exactes que les délégués juifs se font sur Elie, ce qu'ils veulent savoir c'est si Jean s'attribue un rôle messianique.
La deuxième réponse de Jean est aussi catégorique que la première. Jean 1.21 (XLD) : 21b Et il dit : « Je ne le suis pas. » Or, ce démenti de Jean nous paraît surprenant, car Jésus ne fera-t-il pas lui-même ce rapprochement ? Matthieu 11.13-14 (TOB) : 13 « Tous les prophètes en effet, ainsi que la Loi, ont prophétisé jusqu'à Jean. 14 C'est lui, si vous voulez bien comprendre, l'Elie qui doit venir. »
Comment alors expliquer cette dénégation de Jean-Baptiste ? C'est sans doute qu'il n'avait pas encore compris lui-même qu'il était l'Elie annoncé par la prophétie. Jean a été envoyé comme prophète pour témoigner, mais cela ne veut pas dire qu'il est dans le secret du dessein de Dieu ni qu'il comprend quelle est la vraie portée de son propre ministère dans ce dessein. Abraham se prenait-il pour « le père des croyants » ? Ou Moïse pour la préfiguration du Christ ? Ou David pour l'ancêtre du Fils de Dieu ? Bien sûr que non. Chacun a joué son rôle dans le dessein de Dieu, chacun a posé sa pièce du puzzle sans pour autant pouvoir se représenter tout le tableau.
Seul le Christ possède la connaissance nécessaire pour juger des ministères de ses serviteurs. Un jour quelqu'un m'a dit : « Max, ça doit être merveilleux d'être enseignant de la Bible et de connaître toutes les réponses. » Je ne lui ai pas dit, à ce moment-là, toute la vérité, parce que c'était un nouveau converti et il n'était pas prêt à l'entendre. Mais la vérité, la voici : Plus je chemine avec Jésus, moins je suis sûr d'un tas de choses que je croyais savoir et plus je suis sûr de Jésus Christ.
Troisième question. Jean 1.21 (XLD) : 21c « Es-tu le Prophète ? » Et il répondit : « Non. » Les enquêteurs font allusion cette fois à ce Prophète que Dieu avait promis d'envoyer à son peuple comme un nouveau Moïse. Deutéronome 18.15 (FC) : 15 « Il vous enverra un prophète comme moi, Moïse, qui sera un membre de votre peuple: vous écouterez ce qu'il vous dira. »
Trois questions, donc, et chaque fois la réponse de Jean-Baptiste se fait plus brève, plus sèche. « Je ne suis pas le Messie. » Pas très éloquente comme réponse, mais au moins c'est une phrase complète, avec un sujet, un verbe et un complément. La deuxième réponse est plus courte encore : « Je ne le suis pas. » La troisième est carrément monosyllabique : « Non. » Jean n'aime pas parler de lui-même, il ne désire pas être mis en vedette. Il veut fixer toute l'attention sur celui pour lequel il a été envoyé.
Avez-vous entendu parler du petit garçon qui rentre à la maison après sa première classe de catéchisme ? Sa mère lui demande : « C'était qui ton catéchiste ? » Il répond : « Je ne me souviens plus de son nom, mais c'était sans doute la grand-mère de Jésus, parce qu'elle ne parlait que de lui. »
Jean 1.22 (XLD) : 22 Ils lui dirent donc : « Qui es-tu, que nous donnions réponse à ceux qui nous ont envoyés. Que dis-tu de toi-même ? » Les hommes du rapport à l'en-tête officiel en triple exemplaire, ont souvent les yeux fermés aux réalités qui comptent. Leur mission terminée, ils retourneront à Jérusalem, munis du compte rendu qui doit permettre aux sanhédrites de pondre encore un document officiel et de régler cette question religieuse. Que n'auraient-ils pas vu et entendu s'ils étaient restés auprès de Jean-Baptiste encore un jour !
Jean 1.23 (XLD) : 23 Il déclara : « Moi ? La voix de celui qui crie dans le désert : Rendez droit le chemin du Seigneur, selon ce qu'a dit Esaïe le prophète. » Jean aurait pu dire : « Moi ? Je suis le fils de Zacharie, le prêtre, de famille sacerdotale ! Ce n'est pas tout. J'ai été rempli de l'Esprit Saint dès le sein de ma mère. Non seulement ça, je suis le précurseur du Messie. Parmi tous ceux nés d'une femme il ne s'en est pas levé de plus grand que moi. » Il aurait pu dire tout cela, il aurait dit vrai. Vous savez ce qu'il a dit ? Je ne suis rien qu'une voix, une voix anonyme, qui lance un appel. Voilà le génie de l'humilité. Ephésiens 2.8 (TOB) : 8 Moi, qui suis le dernier des derniers de tous les saints… »
Quelqu'un dira : « Qu'est-ce que moi je suis censé répondre si on vient me demander qui je suis ? Que dois-je dire ? » Ecoutez, si vous avez obéi à tous les commandements du Christ sans exception, et si, en plus de cela, vous avez fait tout ce qu'il est possible de faire pour le servir ; si vous avez accompli chaque devoir et chaque obligation qu'il est possible d'accomplir, alors vous avez le droit de vous lever et de déclarer : « Je suis un des serviteurs de Dieu les plus… inutiles. Je ne suis qu'un pauvre serviteur de dernière catégorie. » Vous n'auriez même pas la qualité de serviteur première classe. Moi non plus. Luc 17.10 (BJ) : 10 « Lorsque vous aurez fait tout ce qui vous a été prescrit, dites: Nous sommes des serviteurs inutiles; nous avons fait ce que nous devions faire. » Dès que nous faisons quelque progrès spirituel, nous commençons à penser que nous sommes vraiment quelque chose et que Dieu a vraiment de la chance de nous avoir de son côté. Et puis un verset tel que celui-ci vient nous remettre à notre vraie place.
Jean disait : « Je ne suis rien qu'une voix qui annonce l'imminence du règne de Dieu. Esaïe 40.3,5,10 (FC) : 3 J'entends une voix crier : « Dans le désert, ouvrez le chemin au Seigneur ; dans cet espace aride, frayez une route pour notre Dieu. 5 La gloire du Seigneur va paraître, et tout le monde la verra. 10 Voici le Seigneur Dieu. Il arrive plein de force, il a les moyens de régner. »