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Jean 1.19-34

Quelqu'un est là que vous ne connaissez pas

© Max Dauner

Entrée en matière

Dans sa brillante pièce de théâtre Equus, l'auteur Peter Shaffer aborde le sujet de l'adoration de Dieu. Il raconte l'histoire d'un psychiatre, Martin Dysart, et d'un jeune homme de 17 ans, qui croit à la divinité des chevaux. Ce qui intrigue ce médecin, ce n'est pas la maladie mentale du garçon mais l'impact que sa « religion » a sur sa conception de la vie. Sa foi dans son dieu, sa faculté de prier, d'aimer, de se donner sans réserve à l'objet de son adoration, tout cela fait vibrer le garçon de vie et d'énergie. Loin de le rendre austère et sans passion (c'est-à-dire « religieux » au sens que la plupart des gens donnent au mot), son culte le permet de saisir la vie à pleines mains. Il connaît le mystère et l'émerveillement du sacré. Il connaît la passion de vivre. Grâce à l'adoration. Seulement, l'objet de son adoration ce sont les chevaux, ce qui le range manifestement dans la catégorie des fous.

Le docteur Dysart, par contre, est « normal » et parfaitement sain d'esprit. Mais sa vie est dénuée de toute passion. Il est physiquement et spirituellement impuissant. Il ne sait pas ce que c'est de se donner à quelque chose, ou à quelqu'un de plus grand que lui. Il dit : « Ce garçon vit une passion plus féroce que moi je n'ai jamais connue. Et laissez-moi vous dire quelque chose : je l'envie, je suis jaloux. Voilà ce que son regard me disait pendant tout ce temps : 'Moi au moins, j'ai galopé. Et toi ?' Vous voyez, un médecin peut tuer la passion, il ne peut pas la créer. »

Le dilemme du psychiatre, c'est que pour « guérir » le garçon, il faudra lui enlever la chose qui le rend si vivant : sa foi. Quel remède ! Devenir aussi ennuyé et dégoûté de la vie, aussi infidèle et indifférent dans les relations, aussi stérile et « sain d'esprit » que tout le monde.

Cette pièce est le reflet remarquablement fidèle de notre époque. « Dieu est mort ! » clame notre culture. Mais où trouver quelque chose d'assez grand pour le remplacer ? Que devient l'homme quand tous les autres objets d'adoration qui restent sont trop petits ? Bien que sa conclusion ne soit pas très à la mode, le Dr. Dysart finit par admettre que c'est l'adoration du divin qui fait de nous des êtres humains. « La vraie adoration ! s'écrie-t-il. Sans l'adoration, vous vous desséchez. Voilà la vérité dans toute sa brutalité. » Le scepticisme frigide du psychiatre l'empêche d'embrasser la foi, mais sa vie est marquée d'une manière indélébile par sa rencontre avec le jeune. Car il sait maintenant ce qui a toujours manqué dans sa vie.

Le Christ est venu dans le monde, non pas tant pour nous convaincre de nos fautes que pour nous convaincre de notre destinée. Le péché du monde se manifeste peut-être plus dans des vies gaspillées que dans des actes ponctuels de transgression. Jésus nous a regardés et a vu nos vies comme étant vides et gâchées ; il a vu notre « vaine manière de vivre » (1 Pierre 1.18). Il nous regarde gaspiller notre vie sur des frivolités, nous inquiéter de choses sans importance, pleurer sur de petites déceptions.

Il nous regarde, nous les gens religieux, nous contenter de quelques prières, de quelques messes, de quelques vertus plutôt que de vivre une passion pour Dieu. En cela nous sommes pécheurs ! Quelqu'un a décrit ainsi les pratiquants : « Nous sommes des gens sympathiques qui se réunissent sympathiquement pour chanter de sympathiques petits cantiques à un Dieu sympathique qui veut que nous soyons tous encore plus sympathiques. » Des vies sans passion et sans grandeur sont des vies de péché! En ceci nous sommes pécheurs : nous nous contentons de moins que la destinée pour laquelle nous avons été créés.

Introduction

Le texte de notre étude, Jean 1.19-34, met en scène un homme dont la vie toute entière était dominée par une passion prépondérante : être témoin du Messie. Cet homme s'appelle Jean-Baptiste. Un personnage vraiment intéressant. Vous avez tous sans doute entendu parler de lui, depuis l'époque où vous étiez enfant au catéchisme et que vous étiez épatés par son régime et ses vêtements. C'était un genre de prophète fou qui vivait dans le désert, s'habillait en Tarzan et se nourrissait de sauterelles et de miel ! (Berk ! Je n'aime pas le miel.) Et pourtant Jésus dira : Matthieu 11.11 (TOB) : 11 « En vérité, je vous le déclare, parmi ceux qui sont nés d'une femme, il ne s'en est pas levé de plus grand que Jean le Baptiste. »

Le personnage de Jean est attesté par l'historien juif Flavius Josèphe, qui le décrit ainsi : « un homme de bien, exhortant les juifs à cultiver la vertu et à user de justice dans les relations entre eux et de piété envers Dieu, afin de se joindre au baptême. » Les trois autres évangiles montrent que les juifs ont été divisés à son sujet: la foule est attirée par sa prédication et son baptême, au point qu'elle se demande s'il ne serait pas le Messie, alors que les autorités religieuses ne croient pas en lui et le traitent de fou et de possédé. Luc 7.29-30 (BJ) : 29 Tout le peuple qui a écouté, et même les publicains, ont justifié Dieu en se faisant baptiser du baptême de Jean ; 30 mais les Pharisiens et les légistes ont annulé pour eux le dessein de Dieu en ne se faisant pas baptiser par lui.

Le quatrième évangile présente Jean-Baptiste surtout dans son rôle de témoin. Jean 1.7 (XLD) : 7 Celui-ci vint pour le témoignage: qu'il témoigne de la lumière afin que par lui tous croient. Témoignage au sens historique et juridique: on déclare ce qu'on a vu et entendu. C'est comme si un procès était ouvert et que Jean l'auteur de l'évangile produisait, les uns après les

autres, des témoins pour soutenir sa cause. Or, le premier témoin appelé à la barre est Jean-Baptiste. Dans notre texte, son témoignage sera proféré en deux épisodes: l'interrogatoire de Jean par les juifs, versets 19 à 28 ; et la désignation de Jésus devant les disciples, versets 29 à 34.

Qui est vraiment Jean-Baptiste ?

Jean 1.19 (XLD) : 19 Et tel est le témoignage de Jean lorsque, de Jérusalem, les juifs lui envoyèrent des prêtres et des lévites pour l'interroger : « Qui es-tu ? » Le terme « les juifs » désigne ici, comme c'est souvent le cas dans l'évangile de Jean, non pas le peuple juif dans son ensemble mais les autorités religieuses du judaïsme. Ces autorités voyaient d'un mauvais œil le mouvement populaire déclenché par le Baptiste, sans doute du fait qu'il existait de manière indépendante par rapport aux institutions officielles de l'époque. Par conséquent, une commission d'enquête est formée et envoyée, questionnaire en main, auprès de ce réformateur religieux. Première question : « Pour qui te prends-tu ? »

Jean 1.20 (XLD) : 20 Et il reconnut et il ne nia pas, et il reconnut : « Ce n'est pas moi le Christ. » Au premier siècle de notre ère, sous l'occupation romaine, l'attente du Messie est très vive en Israël. On rêve d'un libérateur qui expulsera les Romains et fera de la nation sainte une sorte de paradis. Luc 3.15 (TOB) : 15 Le peuple était dans l'attente et tous se posaient en eux-mêmes des questions au sujet de Jean : ne serait-il pas le Messie ? A ces spéculations, Jean lui-même oppose un « non » catégorique.

Deuxième question. Jean 1.21 (XLD) : 21a Et ils l'interrogèrent : « Quoi donc ? Es-tu Elie ? » Mais le grand prophète hébreu Elie est mort depuis neuf cents ans ! Pourquoi donc cette question ? Les enquêteurs font sans doute allusion au tout dernier oracle de l'Ancien Testament. Malachie 3.23 (TOB) : 23 Voici que je vais vous envoyer Elie, le prophète, avant que ne vienne le jour du Seigneur. Selon la croyance populaire, l'arrivée de la délivrance d'Israël serait précédée – ou même se réaliserait – par le retour de ce grand personnage du passé. Quelles que soient les idées exactes que les délégués juifs se font sur Elie, ce qu'ils veulent savoir c'est si Jean s'attribue un rôle messianique.

La deuxième réponse de Jean est aussi catégorique que la première. Jean 1.21 (XLD) : 21b Et il dit : « Je ne le suis pas. » Or, ce démenti de Jean nous paraît surprenant, car Jésus ne fera-t-il pas lui-même ce rapprochement ? Matthieu 11.13-14 (TOB) : 13 « Tous les prophètes en effet, ainsi que la Loi, ont prophétisé jusqu'à Jean. 14 C'est lui, si vous voulez bien comprendre, l'Elie qui doit venir. »

Comment alors expliquer cette dénégation de Jean-Baptiste ? C'est sans doute qu'il n'avait pas encore compris lui-même qu'il était l'Elie annoncé par la prophétie. Jean a été envoyé comme prophète pour témoigner, mais cela ne veut pas dire qu'il est dans le secret du dessein de Dieu ni qu'il comprend quelle est la vraie portée de son propre ministère dans ce dessein. Abraham se prenait-il pour « le père des croyants » ? Ou Moïse pour la préfiguration du Christ ? Ou David pour l'ancêtre du Fils de Dieu ? Bien sûr que non. Chacun a joué son rôle dans le dessein de Dieu, chacun a posé sa pièce du puzzle sans pour autant pouvoir se représenter tout le tableau.

Seul le Christ possède la connaissance nécessaire pour juger des ministères de ses serviteurs. Un jour quelqu'un m'a dit : « Max, ça doit être merveilleux d'être enseignant de la Bible et de connaître toutes les réponses. » Je ne lui ai pas dit, à ce moment-là, toute la vérité, parce que c'était un nouveau converti et il n'était pas prêt à l'entendre. Mais la vérité, la voici : Plus je chemine avec Jésus, moins je suis sûr d'un tas de choses que je croyais savoir et plus je suis sûr de Jésus Christ.

Troisième question. Jean 1.21 (XLD) : 21c « Es-tu le Prophète ? » Et il répondit : « Non. » Les enquêteurs font allusion cette fois à ce Prophète que Dieu avait promis d'envoyer à son peuple comme un nouveau Moïse. Deutéronome 18.15 (FC) : 15 « Il vous enverra un prophète comme moi, Moïse, qui sera un membre de votre peuple: vous écouterez ce qu'il vous dira. »

Trois questions, donc, et chaque fois la réponse de Jean-Baptiste se fait plus brève, plus sèche. « Je ne suis pas le Messie. » Pas très éloquente comme réponse, mais au moins c'est une phrase complète, avec un sujet, un verbe et un complément. La deuxième réponse est plus courte encore : « Je ne le suis pas. » La troisième est carrément monosyllabique : « Non. » Jean n'aime pas parler de lui-même, il ne désire pas être mis en vedette. Il veut fixer toute l'attention sur celui pour lequel il a été envoyé.

Avez-vous entendu parler du petit garçon qui rentre à la maison après sa première classe de catéchisme ? Sa mère lui demande : « C'était qui ton catéchiste ? » Il répond : « Je ne me souviens plus de son nom, mais c'était sans doute la grand-mère de Jésus, parce qu'elle ne parlait que de lui. »

Jean 1.22 (XLD) : 22 Ils lui dirent donc : « Qui es-tu, que nous donnions réponse à ceux qui nous ont envoyés. Que dis-tu de toi-même ? » Les hommes du rapport à l'en-tête officiel en triple exemplaire, ont souvent les yeux fermés aux réalités qui comptent. Leur mission terminée, ils retourneront à Jérusalem, munis du compte rendu qui doit permettre aux sanhédrites de pondre encore un document officiel et de régler cette question religieuse. Que n'auraient-ils pas vu et entendu s'ils étaient restés auprès de Jean-Baptiste encore un jour !

Jean 1.23 (XLD) : 23 Il déclara : « Moi ? La voix de celui qui crie dans le désert : Rendez droit le chemin du Seigneur, selon ce qu'a dit Esaïe le prophète. » Jean aurait pu dire : « Moi ? Je suis le fils de Zacharie, le prêtre, de famille sacerdotale ! Ce n'est pas tout. J'ai été rempli de l'Esprit Saint dès le sein de ma mère. Non seulement ça, je suis le précurseur du Messie. Parmi tous ceux nés d'une femme il ne s'en est pas levé de plus grand que moi. » Il aurait pu dire tout cela, il aurait dit vrai. Vous savez ce qu'il a dit ? Je ne suis rien qu'une voix, une voix anonyme, qui lance un appel. Voilà le génie de l'humilité. Ephésiens 2.8 (TOB) : 8 Moi, qui suis le dernier des derniers de tous les saints… »

Quelqu'un dira : « Qu'est-ce que moi je suis censé répondre si on vient me demander qui je suis ? Que dois-je dire ? » Ecoutez, si vous avez obéi à tous les commandements du Christ sans exception, et si, en plus de cela, vous avez fait tout ce qu'il est possible de faire pour le servir ; si vous avez accompli chaque devoir et chaque obligation qu'il est possible d'accomplir, alors vous avez le droit de vous lever et de déclarer : « Je suis un des serviteurs de Dieu les plus… inutiles. Je ne suis qu'un pauvre serviteur de dernière catégorie. » Vous n'auriez même pas la qualité de serviteur première classe. Moi non plus. Luc 17.10 (BJ) : 10 « Lorsque vous aurez fait tout ce qui vous a été prescrit, dites: Nous sommes des serviteurs inutiles; nous avons fait ce que nous devions faire. » Dès que nous faisons quelque progrès spirituel, nous commençons à penser que nous sommes vraiment quelque chose et que Dieu a vraiment de la chance de nous avoir de son côté. Et puis un verset tel que celui-ci vient nous remettre à notre vraie place.

Jean disait : « Je ne suis rien qu'une voix qui annonce l'imminence du règne de Dieu. Esaïe 40.3,5,10 (FC) : 3 J'entends une voix crier : « Dans le désert, ouvrez le chemin au Seigneur ; dans cet espace aride, frayez une route pour notre Dieu. 5 La gloire du Seigneur va paraître, et tout le monde la verra. 10 Voici le Seigneur Dieu. Il arrive plein de force, il a les moyens de régner. »

Pourquoi Jean baptise-t-il ?

Jean 1.24 (XLD): 24 Et les envoyés étaient des pharisiens. C'est-à-dire, des gardiens des traditions rabbiniques du judaïsme. Selon Flavius Josèphe, cette secte comptait, à son époque, quelque six cents membres. Dans l'évangile de Jean, les pharisiens ont des yeux et ne voient pas. Ils ont tellement méconnu leur propre héritage religieux qu'ils sont incapables d'en voir l'accomplissement dans le Christ.

Jean 1.25 (XLD): 25 Et ils l'interrogèrent et ils lui dirent: «Pourquoi donc baptises-tu, si tu n'es ni le Christ, ni Elie, ni le prophète?» Le verbe grec baptizô signifie: plonger, immerger dans l'eau. (Pour les Grecs, «baptiser» un navire voulait dire le submerger, le faire couler.) Jean, que nous appelons le «baptiste» (ce n'est pas un prénom, comme en français, mais un titre qui signifie «l'immergeur»), pratique donc l'immersion dans les eaux du Jourdain. Plutôt de demander à recevoir cette immersion, les pharisiens lui demandent des comptes. De quel droit a-t-il pris l'initiative d'instaurer ce rite?

Jean 1.26-27 (XLD): 26 Jean leur répondit en disant: «Moi, je baptise dans l'eau. Au milieu de vous se tient quelqu'un que vous ne connaissez pas, 27 celui qui vient après moi, dont je ne suis pas digne, moi, de dénouer la lanière de sa sandale.» Le baptême de Jean a pour fonction de préparer la manifestation publique d'un personnage qui pour l'instant reste encore inconnu, même de Jean. «Il y a, dit-il, quelqu'un dans votre monde, votre société, votre génération, quelqu'un qui est déjà là en Israël, et vous ne savez pas qui c'est; vous ne vous doutez pas de sa vraie identité, de sa vraie dignité. A côté de lui, moi, Jean, je ne suis rien du tout. Je ne suis même pas digne de lui servir d'esclave.»

Ainsi se termine l'interrogatoire. Jean 1.28 (XLD): 28 Cela se passa à Béthanie au-delà du Jourdain, là où Jean était à baptiser.

Jean-Baptiste désigne le Messie

«Parmi vous, disait Jean-Baptiste, il y a quelqu'un que vous ne connaissez pas.» A présent, Jean va désigner ce personnage inconnu et dans cet acte de reconnaissance saisira mieux le sens de sa propre existence. Le spectateur moderne de la vie voit se dérouler à la surface une succession de tableaux qui lui plaisent ou l'affligent. Il se dit: «C'est chouette», ou: «C'est la galère.» La vache, dans son pré, doit en faire autant pour son compte. Elle doit se dire: «L'herbe est bonne. Encore la pluie. Voilà le TGV qui passe.» Mais l'homme qui connaît Jésus Christ sait qu'il n'existe pas pour rire. Il sait qu'il compte dans l'amour de Dieu. Il voit s'inscrire dans l'existence une histoire, celle de son propre destin dans le Christ.

Jean 1.29 (XLD): 29 Le lendemain, il aperçoit Jésus venant vers lui, et il dit: «Voici l'Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde.» Voilà l'origine de cette formule, chère au coeur du peuple chrétien, qu'on répète avant la communion: «Agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde, prends pitié de nous.» D'où Jean-Baptiste a-t-il sorti ce titre «Agneau de Dieu»? Annonce-t-il déjà le mystère de la croix, peut-être en disant plus qu'il ne savait? C'est possible.

Evidemment, l'agneau tenait une grande place dans les rites du judaïsme. On peut penser à celui qui était quotidiennement offert en sacrifice dans le temple de Jérusalem. Ou à l'agneau pascal qu'on immolait à la fête de Pâque pour commémorer la sortie d'Egypte à l'époque de Moïse. Il peut enfin y avoir une référence au moins indirecte au serviteur souffrant, qui se laisse conduire à l'abattoir comme un agneau (Es 53.7). Il y a là sans doute bien des éléments auxquels Jean-Baptiste n'a pas pensé, mais que les disciples comprendront par la suite.

En attendant, Jésus est pour Jean «l'agneau» de Dieu, mais peut-être pas encore dans le sens d'une victime sacrificielle. Il l'est du fait que sa venue, à elle seule, supprime la nécessité des rites, du culte, et des sacrifices par lesquels Israël devait toujours à nouveau renouer son lien avec Dieu. Jésus vient accomplir dans la réalité tout ce que l'ancien système cultuel ne pouvait que symboliser. Maintenant que Jésus est là, on n'aura plus besoin d'agneaux symboliques parce que le vrai Agneau est venu enlever le péché du monde.

Or, le «péché» n'est pas à comprendre ici simplement comme la multitude des fautes individuelles et ponctuelles. Pour Jean, il y a un péché fondamental: c'est le refus de la lumière et de la vie divines que le Logos veut communiquer aux hommes depuis les origines. C'est le fait de rejeter Dieu, de se barricader contre son amour, de vouloir vivre en dehors de son dessein sur les hommes. L'Agneau de Dieu enlèvera le péché du monde en apportant au monde la vraie connaissance de Dieu et de son dessein. Sa fonction n'est pas seulement de supprimer les péchés individuels, mais de mettre fin à l'empire des ténèbres, d'amener les hommes dans la lumière du Père.

1 Jean 3.6,9 (TOB): 6 Quiconque demeure en lui ne pèche plus. Quiconque pèche ne le voit ni ne le connaît. 9 Quiconque est né de Dieu ne comment plus le péché, parce que sa semence demeure en lui; et il ne peut plus pécher, parce qu'il est né de Dieu. Cela signifie que pour être un vrai chrétien, il faut vivre cent-pour-cent sans péché? Non, Jean veut dire que celui qui demeure dans la révélation du dessein de Dieu ne pèche plus contre la lumière de Dieu. Certes, il commet des fautes, mais il ne vit pas en dehors de du dessein de Dieu. Car il a accueilli dans son coeur la «semence» de Dieu, la parole de son évangile, la révélation de son dessein apportée par le Christ.

Jean 1.30-31 (XLD): 30 «C'est celui dont j'ai dit, moi: 'Après moi vient un homme qui est au-dessus de moi, parce qu'avant moi il était.' 31 Et moi, je ne le connaissais pas, mais c'est pour qu'il fût manifesté à Israël que je suis venu, moi, baptisant dans l'eau.» Vous vous rendez compte que Jean-Baptiste était le cousin de Jésus? Vous vous rendez compte qu'il avait connu Jésus pendant trente ans sans savoir qu'il était le Messie? Tout ce qu'il savait c'est que le Christ devait venir et qu'en attendant, lui, Jean devait être là, à immerger les gens dans l'eau et à annoncer que le règne du Messie était proche. Mais il ne connaissait pas le Messie plus que les autres ne le connaissaient pas.

Laissez-moi vous donner un bon principe qui vous aidera quand vous non plus vous ne comprenez pas mieux que les autres ce qui se passe. Quelle que soit l'idée que vous vous faites de ce que Dieu est en train de faire dans votre vie, vous passez sans doute à côté. Ce principe nous aide à ne pas enfermer Dieu dans les limites trop étroites. Dieu veut que nous apprenions à lui faire confiance quoi qu'il arrive. Pour comprendre le sens de notre vie et de notre mission, nous n'avons pas besoin de tout savoir, de connaître toutes les réponses, de résoudre tous les problèmes, de lever toutes les ambiguïtés. Le sens de notre vie et de notre mission dépend uniquement du fait que Jésus est venu. Si cela est vrai -- si le Christ est vraiment venu -- alors tout le reste s'arrangera.

C'est grâce à une intervention de Dieu que Jean a reconnu celui qu'il attendait. C'est cette intervention qu'il va maintenant évoquer.

Le témoignage de Jean

Les versets 32-34 renferment le témoignage que rend Jean immédiatement après le baptême de Jésus. Jean 1.32-33 (XLD) : 32 Et Jean témoigna en disant : « J'ai vu l'Esprit descendre, telle une colombe venant du ciel, et il est demeuré sur lui. 33 Et moi, je ne le connaissais pas, mais Celui qui m'a envoyé baptiser dans l'eau, celui-là m'a dit: 'Celui sur lequel tu verras l'Esprit descendre et demeurer sur lui, c'est lui qui baptise dans l'Esprit Saint.' »

La fonction principale – non pas la seule, mais la principale – de l'Esprit Saint dans la Bible consiste à révéler aux hommes le dessein éternel du Père. 1 Corinthiens 2.10 (FC) : 10 Or, c'est à nous que Dieu a révélé ce secret par le Saint-Esprit. En effet, l'Esprit peut tout examiner, même les plans de Dieu les plus profondément cachés. Le don de l'Esprit est lié surtout à la fonction de révélation.

Bien sûr, Jean-Baptiste est porteur lui aussi de l'Esprit (« rempli de l'Esprit Saint dès le sein de sa mère » dit Lc 1.15) ; comme tous les prophètes, il proclame un message inspiré par l'Esprit. Mais Jean ne fait que participer à l'Esprit dans une mesure très limitée. Ce n'est pas à Jean que Dieu a confié la plénitude de la révélation ; Jean ne savait même pas que son propre cousin était le Messie. À Jésus, par contre, il appartiendra d'immerger dans l'Esprit, c'est-à-dire de communiquer dans toute sa richesse débordante et toute sa plénitude la connaissance du dessein secret de Dieu. Colossiens 2.2-3 (FC) : 2 Ils pourront connaître ainsi le secret de Dieu, c'est-à-dire le Christ lui-même : 3 en lui se trouvent cachés tous les trésors de la sagesse et de la connaissance qui viennent de Dieu.

C'est donc à l'occasion du baptême de Jésus que Dieu le fait connaître à Jean-Baptiste. Le signe promis était la descente de l'Esprit en forme de colombe. Luc 3.21-22 (TOB) : 21 Alors le ciel s'ouvrit ; 22 L'Esprit Saint descendit sur Jésus sous une apparence corporelle, comme une colombe, et une voix vint du ciel : « Tu es mon fils, moi, aujourd'hui, je t'ai engendré. »

Jean 1.34 (XLD) : 34 « Et moi, j'ai vu et je témoigne que c'est lui le Fils de Dieu. » Comment Jean savait-il que Jésus était le Fils de Dieu ?

C'est le Père lui-même qui le lui a révélé. Et vous ? Et vous, comment savez-vous que Jésus est le Fils de Dieu ? Par le Père, également. Luc 10.21-22 (TOB) : 21 À l'instant même, il exulta sous l'action de l'Esprit Saint et dit : « Je te loue, Père, Seigneur du ciel et de la terre, d'avoir caché cela aux sages et aux intelligents et de l'avoir révélé aux tout petits. Oui, Père, c'est ainsi que tu en as disposé dans ta bienveillance. 22 Tout m'a été remis par mon Père, et nul ne connaît qui est le Fils, si ce n'est le Père… »

Conclusion

« Et moi, j'ai vu et je témoigne que c'est lui le Fils de Dieu. » Vous savez, je peux rendre ce témoignage moi aussi. Le pouvez-vous ? Je n'ai jamais vu le Christ avec les yeux de mon corps, je n'ai pas vu l'Esprit descendre sur lui en forme de colombe. Mais je peux vous dire une chose : Jésus Christ est absolument, sans l'ombre d'un doute, le Fils de Dieu.

Prière

Nous te rendons grâce, Père, pour la parole que tu nous as adressée ce soir dans ce texte. Nous te rendons grâce pour tous les trésors de la connaissance et de la sagesse cachés dans ton Fils. Et pour le témoignage de Jean-Baptiste, qui retentit toujours haut et clair, deux mille ans plus tard. A toi la gloire, par Jésus-Christ, aux siècles des siècles. Amen.