Entrée en matière
Le titre de cette étude vient de la toute première parole de Jésus dans l'évangile selon Jean. C'est une question qui s'adresse en réalité à tout homme : « Que cherchez vous ? »
La plupart d'entre nous ne sauraient pas donner à cette question une réponse bien profonde. Nous ne savons pas ce que nous cherchons. Et, par conséquent, nous ne savons pas qui nous sommes. Or, puisque c'est là une perspective trop effrayante, nous nous tranquillisons l'esprit en faisant semblant de savoir qui nous sommes. Nous sortons des banalités absurdes telles que « Acceptez-vous tel que vous êtes ». Un conseil bon peut-être pour les cornichons ou les vaches mais désastreux pour les hommes et les femmes. Le philosophe anglais John Stuart Mill disait : « Il vaut mieux être un être humain insatisfait qu'un cochon satisfait, il vaut mieux être un Socrate insatisfait qu'un imbécile satisfait. » Notre insatisfaction fait partie de ce qui fait de nous des êtres humains.
Jésus vient vers nous, il nous apporte des réponses. Mais il doit d'abord nous mettre à l'épreuve : « Que cherches-tu ? » Autrement dit : « Tes questions sont-elles les questions auxquelles je suis la réponse ? » Que cherchons-nous ? Le plaisir, le prestige, le pouvoir, la célébrité, l'argent, la santé ? Si oui, Jésus n'est pas notre réponse, il ne répond pas à notre attente, il ne comble pas nos désirs. Le problème c'est que notre coeur est trop petit pour lui. Nous ne visons pas assez haut. Il veut que nous voulions plus que ce que nous voulons pour que nous voulions ce qu'il veut nous offrir.
Ce que Jésus veut nous offrir, c'est Dieu lui-même. Jean 17.3 (TOB) : 3a Or la vie éternelle, c'est qu'ils te connaissent, toi, le seul vrai Dieu… Trouver Dieu, c'est la vie éternelle, c'est le ciel, et la recherche de Dieu est la porte du ciel. Ne pas trouver Dieu c'est l'enfer, et ne pas le chercher c'est la porte de l'enfer. Ce n'est pas vrai que le chemin de l'enfer est pavé de bonnes intentions. Il est pavé de l'absence d'intentions: on ne fait que suivre le courant, on vivote sans trop réfléchir.
Les plus grands penseurs de l'occident, tels que Salomon, Platon, Aristote, saint Augustin, saint Thomas d'Aquin, Pascal, ont tous construit leurs philosophies autour de la recherche d'une finalité ultime, de la satisfaction plénière de notre désir le plus profond. Ils passent en revue toutes les satisfactions secondaires recherchées par les hommes – le plaisir, le pouvoir, les richesses, le devoir, etc. – et parviennent à la conclusion : « O Dieu, tu nous as faits pour toi et notre coeur est sans repos jusqu'à ce qu'il repose en toi. »
L'auteur de cette phrase, saint Augustin, a proposé une petite expérience pour nous montrer que c'est effectivement Dieu qui est l'objet de nos aspirations les plus élevées. Supposons que Dieu vous apparaît un jour et vous dit : « Bon, je vais te proposer un marché. Je te donnerai tout ce que tu veux : le plaisir, le pouvoir, les honneurs, les richesses, la liberté et même la paix intérieure et une conscience tranquille. Rien ne sera pour toi un péché, rien ne te sera interdit, rien ne te sera impossible. Tu ne connaîtras jamais la souffrance, tu ne mourras jamais. La seule condition, c'est que… tu ne verras jamais ma face. Jamais tu ne me connaîtras. »
Quand j'étais au C.E.S., mon émission préférée à la télé était une série de science fiction appelée La quatrième dimension. Un épisode en particulier me restera à jamais gravé dans la mémoire. C'était l'histoire d'un petit truand qui, au cours du cambriolage d'un magasin, se fait abattre par la police. Il meurt donc et se retrouve, à son grand étonnement, dans un appartement luxueux. Un bonhomme en costume – un genre de gérant – entre par la porte du fond, sort de sa veste un petit calepin et dit : « Monsieur, je suis à votre service. » Le truand ressuscité n'en revient pas. Il n'avait jamais imaginé qu'il finirait autrement qu'en enfer.
Alors, le gérant se met à noter et à exaucer ses moindres désirs : de belles femmes, des vêtements de luxe, les meilleurs whiskies, de l'argent à la pelle, des amis voyous, des jeux de casino. Son appartement finit par ressembler à une vraie boîte de nuit. Or, après quelque temps, le truand commence à s'ennuyer. « Je n'aurais jamais cru, dit-il, que je pourrais m'embêter avec des nanas ! J'ai envie de me remettre au boulot. »
Le gérant organise donc pour lui quelques holdups. Mais tout est trop facile, et il se plaint au gérant, qui note tout dans son calepin : « Il faut au moins qu'il y ait du danger, il ne faut pas que cela me tombe tout rôti dans le bec. » Les casses se font alors de plus en plus difficiles. Les complices du truand sont abattus, lui-même ne réussit à s'échapper que de justesse. Seulement, il se rend compte à la longue que tout est programmé, qu'il s'en sortira à tous les coups. Il commence à devenir fou d'ennui. Finalement il appelle le gérant : « Tant pis, je veux aller en enfer. Je ne supporte plus le ciel ! » Et au gérant de prononcer la dernière réplique de l'émission : « Mais, Monsieur, qui vous a jamais dit que vous étiez au ciel ? »
Voilà la vérité terrible qui court comme un refrain à travers tout le livre de l'Ecclésiaste. Tant que nous ne connaissons pas le Dieu du ciel, tant que ce désir-là – le plus profond de tous – n'est pas satisfait, tout le reste n'a pas plus de sens que de poursuivre le vent. « Vanité des vanités, tout est vanité. »
Les occupations et les entreprises par lesquelles nous donnons un sens à notre vie à court terme ne lui donnent pas pour autant un sens à long terme. Nous avons beau remplir nos villes, remplir nos esprits, remplir nos ventres, remplir nos comptes en banque, remplir notre emploi du temps, si nous ne remplissons pas notre coeur, si le plus grand désir de notre coeur reste insatisfait, notre vie est, comme le disait Macbeth, « une histoire dite par un idiot, pleine de fracas et de furie et qui ne signifie rien ».
Si notre existence sur la terre n'est pas une route qui mène au ciel, elle n'est qu'un tour de manège. Nous ne faisons que tourner en rond. Chaque élément de notre vie a sa raison d'être, mais quelle est la raison d'être du tout ? Chaque rouage de la machine qu'est notre civilisation est là pour le bon fonctionnement de la machine. Mais pourquoi la machine est-elle là ?
Un jour où vous en aurez le temps, prenez une heure pour aller vous asseoir sous un autopont. Quand vous y serez bien installé depuis un moment et que les bruits de la circulation auront bien pénétré votre conscience, posez-vous la question : Pourquoi ? Pourquoi cet autopont est-il là ? Pour permettre aux gens de se rendre au boulot. Pourquoi vont-ils au boulot ? Pour gagner de l'argent. Pourquoi gagnent-ils de l'argent ? Pour payer des impôts. Pourquoi payent-ils des impôts ? Mais voyons, pour faire construire des autoponts !
Vous voyez ? Nous désirons des choses telles que des autoponts parce que ce sont des moyens. Mais pour arriver à quelle fin ? Simplement pour arriver à encore d'autres moyens ? Quel est le but de tout l'ensemble ? Quelle est la finalité de notre vie ? Que cherchons-nous ?