Entrée en matière
1 Corinthiens 12.31 (TOB) : 31 Ayez pour ambition les dons les meilleurs. Et de plus, je vais vous indiquer une voie infiniment supérieure. En 1 Corinthiens 13.4-7, nous allons enfin apprendre, dans le concret, ce qu'est l'agapè. L'apôtre Paul nous a parlé d'abord de la valeur prééminente de l'amour pour que nous abordions cette description de sa nature, non pas seulement avec curiosité mais avec avidité. Il nous disait que c'est l'agapè qui donne sa valeur à toute chose. Même les choses les plus précieuses du monde – les dons surnaturels, la prophétie, la connaissance, la foi, les oeuvres caritatives, le martyre : ne valent rien si ce n'est pas l'amour qui fait battre leur cœur. L’agapè est le summum bonum, le plus grand bien, le sens de la vie, l'unique réponse au vide et à la « vanité des vanités » du monde.
De quoi donc est faite cette agapè ? Quel genre d'amour pourrait tenir de telles promesses ? Ce n'est certainement pas l'éros : le désir, l'activité ou la satisfaction sexuels, le succédané le plus populaire que le monde moderne a trouvé. Ce n'est pas simplement la storgè : le sentiment. Même pas l'affection et la tendresse qu'on éprouve instinctivement à l'égard de sa propre famille. Ce n'est pas l'amour plus spirituel qu'est l'amitié (philia). L'amitié implique réciprocité et partage. Mais partager le vide de l'autre n'est pas encore la plénitude, ce n'est qu'une consolation. Seule l’agapè apporte la plénitude. Seule l’agapè peut combler le vide, plus immense encore que toutes les galaxies, qui est au centre de notre cœur.
Nous avons besoin d'une description de l’agapè afin de pouvoir la distinguer des nombreuses contrefaçons et aussi de ses trois amours soeurs. Nous avons besoin de cette description non pas simplement pour des raisons d'exactitude linguistique, mais pour des raisons bien pratiques. En fait, c'est une question de vie et de mort. Ces versets sont, dans le désert de notre vie, une carte routière montrant le chemin à la seule source d'eau qui n'est pas en fin de compte un simple mirage.
Paul ne nous donne pas une définition abstraite. Plutôt que de définir l’agapè, il la décrit, il nous en énumère quinze qualités concrètes et identifiables. Ces quinze propositions nous disent ce qu'est l'amour en nous disant ce que fait l'amour, en nous montrant, par une série de quinze verbes, l'amour en pleine action.
Chacune des ces quinze qualités est quelque chose que nous désirons profondément. Seule l'agapè peut nous les fournir. L'amour est le passe-partout qui ouvre ces quinze portes. Prenez, par exemple, la première qualité : la patience. Comment arriverons-nous à devenir patients avec les autres ? En priant Dieu : « Seigneur, rend-moi patient… tout de suite ! » Non. En dépit de nos bonnes intentions, en dépit de notre sincérité, en dépit de notre besoin criant de patience, il nous arrive continuellement de perdre patience, même avec ceux qui nous sont les plus chers. Les amours naturels, aussi précieux qu'ils soient, ne suffisent pas. Ils sont comme un jardin : ils ont besoin d'un jardinier muni d'une houe et d'un râteau. Voilà le rôle de l'agapè : il cultive et perfectionne les autres amours. Quand nous aimons quelqu'un de l'amour-agapè, il est non seulement possible mais il est naturel de se montrer patient avec lui, car l'agapè prend patience.
Essayez un peu d'être patient sans l'agapè. Cela ne marchera tout simplement pas. Vous y arriverez aussi longtemps que vous vous sentirez patient. Quand les sentiments vous feront défaut, vous essaierez d'y substituer un effort de volonté : « Je serai patient avec cet espèce de…, même si je dois en mourir ! » Et en effet, vous risquez bien d'en mourir ! Vous découvrez alors deux choses : que votre volonté est ridiculement faible ; et que même si vous arrivez à réprimer votre impatience, elle est toujours là, tapie dans le noir. Vous l'avez enterrée, mais elle est toujours vivante. La patience doit venir du cœur, non pas des sentiments inconstants ni de l'autodiscipline.
Jésus ne nous donne pas simplement des conseils sur l'amour. C'est l'amour même qu'il nous donne. Il y a un véritable échange de personnalités : nous sommes placés « en Christ » et lui demeure en nous. Il est lui-même cet Amour qui est une voie infiniment supérieure. 1 Corinthiens 13.4-7 est la description de Jésus-Christ. Son amour ne peut être en nous que parce que lui-même est en nous. Nous acquérons l'agapè, non pas en faisant de plus grands efforts, non pas par l'héroïsme moral, mais par la foi : en accueillant le Christ, en le laissant envahir notre vie, en laissait sa parole, son Esprit, habiter en nous dans toute sa richesse.
Lisons donc les versets de notre texte. 1 Corinthiens 13.4-7 : 4 L'amour prend patience, l'amour se montre bon, il ne brûle pas d'un zèle fanatique, il ne se vante pas, il ne se gonfle pas de vanité, 5 il ne fait rien d'inconvenant, il ne cherche pas son intérêt, il ne s'irrite pas, il ne tient pas compte du mal, 6 il ne se réjouit pas de l'injustice, mais il trouve sa joie dans la vérité. 7 Il couvre tout, il croit tout, il espère tout, il endure tout. Voilà les quinze propriétés de l'agapè, l'amour chrétien. Abordons donc la première.