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Église du Christ
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L'Église : Sa foi, son unité et sa structure

Une étude de base qui examine la volonté de Dieu pour son Église. Elle constitue un bon point de départ pour une discussion concernant sa foi, son unité, sa structure et sa nature.

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Introduction : Je crois à l'Église

Dieu a créé le monde en vue de créer l'Église. L'univers n'est pas simplement une immense mécanique où les êtres humains ont fait par hasard leur apparition. Au contraire, nous les hommes et les femmes sommes la raison d'être de l'univers. L'univers produit les êtres humains comme un rosier produit les roses.

L'Église a été l'objet d'une révélation de Dieu accordée aux saints apôtres du Christ. L'existence de l'Église fait partie du « mystère tenu caché depuis toujours », qui est maintenant mis en lumière ; elle a sa place dans le projet éternel que le Père a réalisé en Jésus-Christ (Ép 3.1-13). Objet de révélation, l'Église est aussi objet de foi. Nous pouvons dire avec le Symbole des Apôtres : « Je crois à l'Église ».

Nous croyons à l'Église parce qu'elle vient de Dieu. Elle n'est pas simplement l'organisme social désordonné qu'elle paraît être. Elle est d'origine divine, de nature divine ; elle a une destinée divine :

  • D'origine divine parce qu'elle a été fondée par Dieu et non par les hommes. Et la cité sainte, la Jérusalem nouvelle, je la vis qui descendait du ciel, d'auprès de Dieu (Apocalypse 21.2).

  • De nature divine parce qu'elle est vraiment le corps mystique du Christ. L'Église est le corps du Christ ; c'est en elle que le Christ est pleinement présent, lui qui remplit tout l'univers (Éphésiens 1.23).

  • Une destinée divine parce que, selon la Bible, le dernier événement de l'histoire humaine sera l'enlèvement de l'Église sur les nuées pour aller à la rencontre du Seigneur. Ainsi s'accomplira la joie presque inimaginable annoncée par l'apôtre : Et ainsi nous serons toujours avec le Seigneur (1 Th 4.17).

La foi de l'Église

La foi de l'Église vient des apôtres du Christ ; c'est pour cela qu'elle est « apostolique ». Le caractère apostolique de l'Église comporte deux aspects. Premièrement, l'Église est fondée sur l'Évangile annoncé par les apôtres du Christ. Deuxièmement, l'Église a une mission, elle est missionnaire, car le mot « apôtre » désigne quelqu'un qui est envoyé en mission. Ainsi, l'Église est apostolique dans son origine ainsi que dans sa finalité. En réalité, son origine et sa finalité apostoliques ne font qu'un puisque les apôtres du Christ étaient les premiers missionnaires, les premiers témoins du Christ et du dessein de Dieu.

La mission de l'Église consiste essentiellement à témoigner de la mort, de la résurrection et de l'ascension du Christ. Les apôtres ont vu et ont cru ; heureux ceux qui ont cru sans avoir vu. Ce bonheur ne repose pas sur une foi sans fondement ou irrationnelle. Elle est fondée sur le témoignage de ceux qui ont vu de leurs propres yeux.

Le caractère apostolique de l'Église constitue son lien historique avec le Christ. Quel pont enjambe les dix-neuf siècles qui nous séparent de notre Seigneur ? Comment savons-nous ce que le Christ a vraiment enseigné ? Comment savons-nous ce qu'il faut croire ?

Le Christ enseigne son peuple à travers la tradition des apôtres consignée dans les écrits du Nouveau Testament. Les apôtres ont une autorité sur le peuple de Dieu ; par leur enseignement, ils « lient » ou « délient », ils pardonnent ou condamnent. Le Christ a donné cette autorité aux apôtres, et dès les origines du christianisme leur enseignement constitue la norme pour la vie des chrétiens et des Églises.

Je te donnerai les clés du Royaume des cieux : ce que tu interdiras sur terre sera interdit dans les cieux ; ce que tu permettras sur terre sera permis dans les cieux (Mt 16.19 ; cf. Mt 18.18).

L'Église est édifiée sur le fondement posé par les apôtres et les prophètes.

Vous avez été intégrés dans la construction qui a pour fondation les apôtres et les prophètes, et Jésus Christ lui-même comme pierre maîtresse (Ép 2.20 ; cf. Ap 21.14).

Les écrits du Nouveau Testament remontent, pour l'essentiel, aux temps apostoliques. De ce fait certains croyants considèrent leur enseignement comme quasiment caduc pour la vie de l'Église. Cependant, ceux qui pensent ainsi tirent leur foi, leur espérance et leurs convictions morales de ces mêmes écrits. Ces croyants considèrent que les écrits apostoliques sont applicables à la foi au Christ et à la morale personnelles, mais non à la vie de l'Église dans son fonctionnement et son organisation. L'Église serait-elle une donnée moins importante pour la vie chrétienne que ne le sont la foi et la morale personnelles ?

Bien que morts aux yeux des hommes, les apôtres sont vivants pour Dieu et demeurent les fondements de l'Église, le Christ étant la pierre de l'angle. La tâche de l'Église est de rendre témoignage à la vérité apostolique, de transmettre fidèlement la bonne nouvelle du dessein de Dieu. L'Église est « une » et « apostolique » à condition d'être soumise aux injonctions apostoliques.

Il s'ensuit que si l'Église n'est pas perçue par les gens comme étant digne de confiance et crédible en matière de vérité, ils n'auront pas non plus confiance dans l'Évangile. Voilà pourquoi l'apostolicité est chancelante si l'Église n'est pas sainte, honnête, fidèle aux enseignements des apôtres, si elle n'est pas un témoin véridique et digne de confiance. Dans ce cas, le message « ne passe pas » parce que le messager « ne passe pas ». Il faut les deux. L'Évangile lui-même est une folie et un scandale pour le monde. Les gens en viennent à croire cette folie pour la même raison qu'ils crurent à la prédication incroyable du Christ : parce qu'ils avaient confiance en lui.

La fondation des apôtres

La foi chrétienne n'est pas fondée sur des idées philosophiques ou des idéologies, elle est fondée sur des événements historiques attestés par des témoins oculaires. Relisons les sermons apostoliques dans le livre des Actes. Ils sont tous centrés sur le triple événement historique de la mort-résurrection-ascension de Jésus.

Ce qui était dès le commencement, ce que nous avons entendu, ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nous avons contemplé et que nos mains ont touché du Verbe de vie 2 – car la vie s'est manifestée, et nous avons vu et nous rendons témoignage et nous vous annonçons la vie éternelle, qui était tournée vers le Père et s'est manifestée à nous – 3 ce que nous avons vu et entendu, nous vous l'annonçons, à vous aussi, afin que vous aussi vous soyez en communion avec nous. Et notre communion est avec le Père et avec son Fils Jésus Christ (1 Jn 1.1-3).

Voici en quoi consiste la vraie « succession apostolique ».

Et c'est grâce à lui que les uns et les autres, dans un seul Esprit, nous avons l'accès auprès du Père. 19 Ainsi, vous n'êtes plus des étrangers, ni des émigrés ; vous êtes concitoyens des saints, vous êtes de la famille de Dieu. 20 Vous avez été intégrés dans la construction qui a pour fondation les apôtres et les prophètes, et Jésus Christ lui-même comme pierre maîtresse. 21 C'est en lui que toute construction s'ajuste et s'élève pour former un temple saint dans le Seigneur. 22 C'est en lui que, vous aussi, vous êtes ensemble intégrés à la construction pour devenir une demeure de Dieu par l'Esprit (Ép 2.18-22).

Prenons note dans ce texte des formules trinitaires : grâce au Christ, dans l'Esprit, nous avons accès au Père. C'est l'Esprit qui assemble la demeure. Certes, le Père en a dessiné le plan, le Fils l'a exécuté, mais c'est l'Esprit qui, en tant que médiateur de la vérité, maintient la construction. C'est l'Esprit qui conserve l'œuvre terrestre du Fils une fois que celle-ci est achevée. Lorsque l'apôtre demeure dans le Seigneur après son départ, c'est avant tout une œuvre de l'Esprit.

Pour parler de la nouvelle communauté, de l'Église, l'apôtre introduit l'image d'un édifice sacré, d'un temple. Les fidèles sont représentés comme des pierres ou des briques – des matériaux de construction – qui ont été posées sur un fondement (Col 2.7 et 1.23). Les apôtres et les prophètes constituent un fondement dans le sens où ils ont reçu la révélation de l'Évangile et la mission de le proclamer. L'autorité des apôtres remonte au Christ lui-même qui les a choisis et leur a confié les mystères du royaume ; les prophètes parlent avec autorité parce qu'ils sont inspirés de l'Esprit. Dans l'histoire de l'Église primitive, cet Esprit répandait les dons extraordinaires de sa grâce avec une profusion particulière. Ces dons confirmaient le choix du Christ et le témoignage de ses apôtres, ses envoyés (Hé 2.1-4).

Par leur enseignement, les apôtres constituent le lien qui nous maintient en communion avec le Christ. Leur enseignement, avec les révélations apportées par les prophètes chrétiens, nous dévoile le dessein que Dieu avait accompli dans le Christ en vue de créer l'Église. Par les apôtres, les fidèles ont accès au Fils qui, à son tour, les conduit à Dieu le Père. Les lecteurs de Paul savent qu'ils ont à s'intégrer : ils ont leur place dans le dessein de Dieu et cette place se situe dans la construction prévue dans ce dessein. Ils doivent collaborer à réaliser les intentions du Père sur cette maison : qu'elle devienne sainte. Le temple est saint parce qu'il correspond à l'intention sainte du Seigneur, parce qu'il accueille les saints et qu'il croît en sainteté en présence du Père.

La fondation des apôtres et des prophètes est vraiment un bienfait, puisqu'on peut se tenir sur elle et bâtir sur elle. Fondation ou fondement signifient un appui sûr et des attaches très solides, c'est-à-dire exactement l'opposé de ce ballottement sans appui à tout vent de doctrine, dont il est question plus loin dans cette lettre (Ép 4.14).

L'apostolicité comporte donc deux faces, deux visages : un visage qui regarde en arrière vers le passé et qui lie la foi à des réalités concrètes et historiques ; un autre visage qui regarde en avant, vers la mission qui consiste à témoigner au monde. « Allez par le monde entier, proclamez l'Évangile à toutes les créatures » (Mc 16.15). Telle est la mission apostolique de l'Église. Elle accomplit cette mission non seulement par les mots qu'elle proclame mais aussi par sa propre vie de fidélité. Même la morale, pour le chrétien, ne consiste pas simplement à imiter un modèle exemplaire ni à obéir à une loi. La morale doit manifester le Christ ; elle est le fruit de la vigne dont nous sommes les sarments. C'est le résultat concret de l'invasion du Christ dans notre monde et dans notre vie, le fruit de notre communion avec lui par l'intermédiaire de ses apôtres. Même la morale est apostolique.

Faire des saints

Les deux faces de l'apostolicité – point de départ d'où nous sommes envoyés et direction où nous sommes envoyés – constituent le visage du Christ. Un apôtre est quelqu'un qui est envoyé par le Christ pour proclamer le Christ, pour compléter son œuvre. Et cette œuvre consiste à faire des saints, c'est-à-dire à rendre les êtres humains pleinement humains.

Cette expression « pleinement humain » est souvent mal comprise et tend à réduire la mission surnaturelle de l'Église. L'Église trahit sa mission et son Seigneur si elle laisse les psychologues et les sociologues qui ne connaissent pas le Christ lui dicter ce qu'elle est censée faire. Nous sommes envoyés pour être pleinement humains tout comme le Christ était pleinement humain, pour aimer comme lui a aimé. Nous ne sommes pas envoyés pour être gentils, pour avoir une bonne journée, pour donner un petit coup de main ou pour construire ce que d'autres cherchent à construire. Non, nous avons une mission distinctive, un projet différent.

Nous vivons simultanément dans deux mondes différents. Il est normal que nous coopérions aussi dans la construction d'un meilleur monde ici-bas. Toutefois, la raison d'être de l'Église n'est pas de remplacer les services sociaux, mais d'appeler les hommes au salut, de représenter le Christ dans le monde. Cette mission englobe le secours matériel aux pauvres et la libération des opprimés. Jésus a guéri des malades, mais ces guérisons étaient surtout des signes destinés à montrer son pouvoir de nous guérir tous de notre péché. Le Christ a aimé les pauvres, mais il est venu surtout nous libérer de notre pauvreté spirituelle. Les œuvres qu'il a accomplies dans le temps étaient surtout des signes d'une œuvre pour l'éternité. Même Lazare devait mourir à nouveau, mais Jésus disait : « Celui qui croit en moi ne mourra jamais. »

L'Église apostolique est envoyée devant le monde pour représenter le Christ. Ce n'est pas là une pensée réconfortante. Car Jésus a averti ses apôtres : « Le serviteur n'est pas plus grand que son maître ; s'ils m'ont persécuté, ils vous persécuteront vous aussi » (Jn 15.20). Nous sommes appelés non à être compris mais à comprendre, non à être aimés mais à aimer. Quand nous aimons comme il a aimé, nous risquons de trouver une croix sur notre chemin. Mais telle est la destinée de l'Église : vivre avec le Christ dans l'amour, mourir avec le Christ dans l'espérance, ressusciter avec le Christ dans la gloire.

L'unité de l'Église

Dans quel sens l'Église est-elle une ? Invisiblement, comme on le souligne dans le protestantisme, ou visiblement, comme le souligne le catholicisme ? L'Église est à la fois visible et invisible, à la fois une organisation et un organisme, à la fois un corps historique et un corps mystique. Elle est une invisiblement et visiblement.

L'Église est le corps mystique ou spirituel du Christ. Son âme, tout comme celle d'un être humain, est invisible. Les yeux charnels ne voient que les corps charnels ; il faut une vision spirituelle pour voir l'âme, qu'il s'agisse de l'âme d'un être humain ou de celle de l'Église. C'est avec votre discernement spirituel que vous voyez l'âme d'une personne ; vos yeux corporels ne voient que son corps.

Mais l'Église est aussi une réalité visible, tout comme nous le sommes nous-mêmes. Elle est là, existant tangiblement et objectivement dans l'histoire. Et c'est là aussi, sur le registre de son existence visible et historique, qu'elle doit être une. Quand le Christ revient à la fin du monde, c'est pour chercher son épouse, l'Église, et non les Églises. Le Seigneur n'est pas polygame. Il ne possède pas un harem mais n'a qu'une épouse. Or cette épouse n'est pas un esprit désincarné, elle a un corps. Un seul corps.

Tout comme une seule âme est unie à un seul corps, tout comme un seul mari est uni à une seule femme, et tout comme il y a « un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême » (Ep 4.5), ainsi il y a une seule Église. Actuellement, ses membres sont séparés les uns des autres, ils vivent ainsi dans une situation aberrante ! Mais tous les croyants baptisés sont membres de l'unique Église de Jésus Christ. Ils sont frères et sœurs, même s'ils ne s'en rendent pas compte.

Le baptême scelle notre unité : nous sommes baptisés dans une seule famille. Et pourtant, le baptême n'est pas la raison d'être de l'Église ; il n'est pas non plus, dans son essence, un acte d'Église. Les Écritures lient toujours le baptême à la foi dans le dessein de Dieu. En fait, le baptême est l'expression de cette foi. L'apôtre Pierre dit du baptême qu'il est une réponse à l'appel de Dieu (1 P 3.21).

Tout comme le baptême, le repas du Seigneur (l'eucharistie) est un puissant facteur d'unité. Celui qui vient vers nous dans le pain et le vin est un, et il veut amener toutes ses brebis pour qu'il y ait un seul troupeau et un seul berger.

La coupe de bénédiction que nous bénissons n'est-elle pas une communion au sang du Christ ? Le pain que nous rompons n'est-il pas une communion au corps du Christ ? 17 Puisqu'il y a un seul pain, nous sommes tous un seul corps : car tous nous participons à cet unique pain (1 Co 10.16-17).

La présence du Christ dans la communion est comme un aimant qui attire et rassemble dans la maison du Père des enfants dispersés et qui empêche des fils prodigues en puissance de partir dans un pays lointain. La plus grande force d'attraction dans l'Église n'est pas ce qu'elle enseigne (aussi crucial que soit cet enseignement) mais la personne divine qui s'y trouve. « Il est là ! Il faut donc que je sois là, moi aussi. »

L'unité de l'Église réside, en dernière analyse, dans le Christ lui-même : « un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême ». Le plus important, c'est le premier. Le Christ est non seulement le Seigneur de l'Église, il est aussi la tête de l'Église. Un Seigneur n'appartient pas nécessairement au peuple qu'il gouverne ; une tête, par contre, doit forcément faire partie de son corps. L'Église est le corps du Christ. Voilà pourquoi la Puissance de la mort n'aura pas de force contre elle. Voilà pourquoi elle revient à la vie chaque fois qu'on la donne pour mourante. Voilà pourquoi le monde la hait et la craint.

L'universalité de l'Église

Puisque l'Église est le corps du Christ, elle est une. Elle est Église unique et mondiale plutôt que secte locale. L'Église est pour tout le monde. Les seules conditions d'entrée sont la foi et le baptême.

Il n'y a plus ni Juif, ni Grec ; il n'y a plus ni esclave, ni homme libre ; il n'y a plus l'homme et la femme ; car tous, vous n'êtes qu'un en Jésus Christ (Ga 3.28).

Comment pouvons-nous prétendre être l'Église universelle puisque nous n'appartenons qu'à une religion particulière parmi tant d'autres ? C'est que le Dieu universel a choisi de se faire connaître aux hommes et aux femmes dans la personne d'un homme particulier : Jésus de Nazareth. Ça, c'est un fait. Si notre attitude ne peut pas admettre ce fait, il faut changer notre attitude, car nous ne pouvons pas changer le fait. Le Christ est le Représentant particulier de tous. Un seul est mort pour tous. Et l'Église est son peuple particulier qui existe pour tous les peuples.

L'Église est universelle dans le sens où elle est accueillante. Elle invite les hommes et les femmes de toutes nations, de toutes races, de tous âges, de toutes classes socio-économiques, du criminel le plus grossier jusqu'au saint le plus pur.

Et pourtant, l'Église n'est pas un creuset où toutes les différences individuelles sont fondues dans l'uniformité. Elle ressemble plutôt à un plat où chaque ingrédient garde son identité propre. Toutes les différences de sexe, de race, de personnalité et autres qui font que nous sommes ce que nous sommes sont transformées et perfectionnées. Dans l'Église, les Chinois restent chinois, les Français restent français ; les hommes sont des hommes et les femmes sont des femmes. Quand Paul dit que, dans le Christ, il n'y a plus ni Juif ni Grec, ni homme ni femme, il ne veut pas dire que nous sommes tous déracinés de notre culture et rendus asexués ; il veut dire que nous sommes tous accueillis au même titre.

Le Créateur aime les différences. C'est ainsi qu'il a conçu l'univers : il a différencié la lumière et les ténèbres, les eaux supérieures et les eaux inférieures, les mers et les continents, les êtres animés et non animés, les oiseaux et les poissons, l'être humain et les animaux, l'homme et la femme. Vive la différence ! Les saints sont tous différents alors que les pécheurs se ressemblent tous. Les tyrans sont tous stéréotypés alors que chaque saint est unique.

Cette Église ne peut pas être divisée par la mort. Voilà pourquoi l'Église est une à travers le temps et l'éternité : l'Église militante (sur la terre) et l'Église triomphante (au ciel).

Au dernier jour, le Christ supprimera de son Église les trois ennemis de l'unité, les trois ruptures, les trois aliénations que sont le péché, aliénation de Dieu et de l'âme ; la mort, aliénation de l'âme et du corps ; et la souffrance, aliénation du corps et du monde. Le péché a été vaincu à la croix. La mort a été engloutie dans la victoire au matin de Pâques. Et, un jour, au ciel, Dieu essuiera toute larme de nos yeux. Les larmes représentent, à l'instar des flots de la mer, la séparation et la mort. L'Église, telle l'arche de Noé, navigue sur une mer de larmes. Mais elle fait route vers le ciel.

Ce qui brise l'unité

Un esprit de parti (de sectarisme) est une menace pour l'unité. L'esprit de parti consiste à former des cliques qui se coupent des autres chrétiens. L'esprit de parti est, dit l'apôtre Paul, une œuvre de la chair : « rivalités », « dissensions », « factions » (Ga 5.19). L'esprit sectaire est d'origine diabolique (Jc 3.14-18). L'esprit de parti se manifeste lorsque des chrétiens adoptent d'une manière exclusive un nom ou un titre pour dénommer l'Église. L'appartenance à l'Église et les « frontières » de l'Église ne peuvent être délimitées par un nom, un titre, une appellation exclusifs (1 Co 1.12). Les multiples appellations données aux Églises de nos jours sont le fruit de siècles de sectarisme et de conflits. À cet égard, il est intéressant de comparer la situation actuelle à celle qui prévalait aux premiers temps de l'Église.

Dans le Nouveau Testament les différentes Églises sont tout d'abord désignées par les villes ou les régions où elles se réunissent et vivent leur foi ; ces écrits parlent de l'Église qui était à Jérusalem (Ac 8.1), les Églises de la Macédoine (2 Co 8.1) ; les Églises de la Galatie (Ga 1.2). L'Église peut même être l'Église d'une maison ou qui se réunit chez quelqu'un (Rm 16.5 ; 1 Co 16.19 ; Col 4.15 ; Phm 2). Les seuls noms qui soient dignes de côtoyer celui de l'Église sont ceux de Dieu et du Christ ; aucune Église du Nouveau Testament n'est désignée par le nom d'un apôtre ou d'un chef reconnu (cf. 1 Co 1.2 ; Ga 1.13 ; 1 Th 2.14 ; Rm 16.16). Une telle pratique est d'ailleurs explicitement réprouvée par l'apôtre Paul (cf. 1 Co 1.12 ; Ac 24.5).

Le plus souvent c'est le mot « Église », sans autre qualificatif, qui sert à désigner le peuple des chrétiens ; ce fait ressort, en particulier, dans le livre des Actes (Ac 2.47 ; 5.11 ; 12.1-5 ; 15.3-4 ; 18.22 ; cf. Rm 16.1 ; 1 Co 12.28 ; Ép 5.23-32).

La quête d'une unité des Églises et des chrétiens passe aussi par une simplification en ce qui concerne l'appellation de l'Église. Il faut permettre au mot « Église » de retrouver son sens premier – et non sectaire – d'assemblée du peuple chrétien réunie pour adorer Dieu, le prier, entendre sa Parole, le servir. Les diverses Églises ne doivent pas se voir comme les représentantes d'une confession ou les porte-paroles d'un parti, mais comme des communautés d'hommes et de femmes qui n'ont en fait qu'un seul nom, celui du Christ, celui de « chrétiens » (cf. 1 P 4.15,16).

Le sectarisme existe aussi lorsqu'on baptise dans le but de rattacher les hommes à soi ou à son parti plutôt qu'au Christ (1 Co 1.13-17). L'esprit de parti peut aussi résulter d'une insistance à imposer ses opinions ou même ses droits au détriment de l'unité (1 Co 8.1-9.33 ; 10.23-33 ; Rm 14.1-15.13 ; Tt 3.9, 10)

L'orgueil est une menace permanente pour l'unité (1 Co 3.21 ; 4.6, cf. Rm 12.3). Lorsque les chrétiens acceptent l'injustice, la débauche sexuelle, la haine, les pratiques occultes et tout ce que condamne la loi de Dieu, ils contribuent à la fragmentation de l'Église (1 Co 5.1-3 ; 6.1-20 ; 10.1-11 ; Ga 5.13-21 ; cf. 1 P 1.13-16). Le désordre dans les assemblées, un usage abusif ou erroné des dons spirituels, peuvent aussi mettre en péril l'unité de l'Église (1 Co 14.1-39).

La structure de l'Église

Le Christ avait choisi des apôtres dont la mission était de recevoir et de transmettre sa parole. Les apôtres ont accompli leur mission et ont transmis la parole du Christ à des hommes fidèles. Ces hommes étaient des évangélistes, des pasteurs et des docteurs pour l'Église.

C'est lui qui a fait des dons particuliers aux hommes : il a donné aux uns d'être apôtres, à d'autres d'être prophètes, à d'autres encore d'être évangélistes, pasteurs ou enseignants (Ép 4.11).

Timothée était un évangéliste ; il annonçait la bonne nouvelle du salut en Jésus-Christ. Mais toi, sois sobre en tout, supporte les souffrances, fais l'œuvre d'un évangéliste, remplis bien ton service (2 Tm 4.5). Timothée devait aussi veiller à ce que des conducteurs spirituels qualifiés puissent être pasteurs (bergers) dans les Églises. Il reçut des directives de l'apôtre Paul pour le choix de ces pasteurs.

Cette parole est certaine : si quelqu'un aspire à la charge d'évêque, il désire une belle activité. 2 Il faut donc que l'évêque soit irréprochable, mari d'une seule femme, sobre, sensé, sociable, hospitalier, apte à l'enseignement, 3 qu'il ne soit ni adonné au vin, ni violent, mais conciliant, pacifique, désintéressé ; 4 qu'il dirige bien sa propre maison et qu'il tienne ses enfants dans la soumission, avec une parfaite dignité. 5 Car si quelqu'un ne sait pas diriger sa propre maison, comment prendra-t-il soin de l'Église de Dieu ? (1 Tm 3.1-5).

Tite reçut des directives apostoliques similaires :

Je t'ai laissé en Crête, afin que tu mettes en ordre ce qui reste à régler, et que, selon mes instructions, tu établisses des anciens dans chaque ville. 6 s'il s'y trouve quelque homme irréprochable, mari d'une seule femme, ayant des enfants fidèles, qui ne soient ni accusés de débauche ni indisciplinés. 7 Il faut en effet que l'évêque soit irréprochable comme intendant de Dieu, qu'il ne soit ni arrogant, ni coléreux, ni adonné au vin, ni violent, ni âpre au gain ; 8 mais qu'il soit hospitalier, ami du bien, sensé, juste, consacré, maître de lui, 9 attaché à la parole authentique telle qu'elle a été enseignée, afin d'être capable d'exhorter selon la saine doctrine et de convaincre les contradicteurs (Tt 1.5-9).

Dans le Nouveau Testament le choix des pasteurs est déterminé par les qualités spirituelles et morales et non par un rituel précis ou un mode particulier de désignation ou d'investiture. Il n'en reste pas moins vrai que l'imposition des mains est un geste biblique chargé de symbolisme et de solennité et par lequel ces hommes peuvent être consacrés à leur tâche devant Dieu et l'assemblée (Ac 14.23 ; 1 Tm 4.14 ; 5.22 ; cf. Ac 13.1-3).

Le peuple de Dieu doit écouter et respecter les pasteurs :

Obéissez à vos conducteurs et soyez-leur soumis. Car ils veillent au bien de vos âmes, dont ils devront rendre compte. Faites en sorte qu'ils puissent le faire avec joie et non en gémissant, ce qui ne serait pas à votre avantage (Hé 13.17 ; cf. 1 Th 5.12-13).

L'Église universelle et l'Église locale

Dès son origine, la structure essentielle de l'Église est constituée d'Églises locales placées sous la conduite spirituelle de presbytres (anciens) appelés aussi épiscopes (évêques, surveillants).

À l'origine, le mot « église » (grec, ecclésia) décrit au sens profane une assemblée réunie pour délibérer (voir le mot ecclésia en Ac 19.32 et dans les dictionnaires grec/français). Il désigne au sens religieux la communauté d'hommes et de femmes convoqués par Dieu et appelés hors du monde. Le Christ agit dans son peuple à travers des assemblées, des communautés de chrétiens (cf. Ac 9.31 ; 14.23 ; 15.41 ; 16.5 ; Rm 16.4, 5). Lorsqu'en Apocalypse chapitres 2 et 3 le Seigneur reprend les Églises d'Asie, la responsabilité et la personnalité de chaque Église est mise en avant.

Les écrits du Nouveau Testament révèlent que les Églises locales doivent s'efforcer d'entretenir les unes avec les autres des liens fraternels et d'entraide. Cependant, ces liens ne sont pas d'ordre hiérarchique. Les Églises locales se soumettent aux presbytres (anciens) choisis dans leur sein. Contrairement aux apôtres, les presbytres du Nouveau Testament n'exercent pas leur autorité en dehors de l'Église locale où ils ont été désignés pour être pasteurs (bergers).

Ce modèle structurel est celui qui correspond à l'Église telle qu'elle fut établie aux origines par les apôtres de Jésus-Christ (cf. Ac 14.23 ; 20.25-28 ; 1 Tm 3.1-7 ; Tt 1.5-9). L'apôtre Paul confie l'Église d'Éphèse aux presbytres (anciens) et « à Dieu et à sa parole de grâce, qui a la puissance de bâtir et d'édifier » (Ac 20.17-35). Timothée doit prendre garde à lui-même et à son enseignement (1 Tm 4.16). Tite doit enseigner ce qui est bon et utile aux hommes (Tt 3.8).

Cette structure fondamentale de l'Église est celle qui est la plus propice à l'édification « par la parole de grâce ». Une telle structure implique une grande liberté en Christ (puisqu'elle ne comporte pas une hiérarchie complexe et pesante) mais exige une grande responsabilité au niveau de chaque communauté et de la part de chaque chrétien. La liberté sans responsabilité aboutit au désordre, à l'anarchie et finalement à l'autodestruction. Une plus grande liberté implique nécessairement une plus grande responsabilité. Ce principe s'applique au niveau de l'Évangile lorsque l'on compare celui-ci avec la Loi de Moïse (Ga 5.13) et au niveau de l'Église lorsque l'on compare celle-ci avec le peuple d'Israël sous la loi de Moïse (Ga 2.4-10 ; 3.24-29 ; 5.1, 13-15 ; 6.1-6).

Le Christ est lui-même chef de l'Église (Ép 1.22). Il gouverne et édifie son Église dans la liberté : par la bonne nouvelle de la grâce de Dieu ; par le pardon et la réconciliation en Christ ; par les responsabilités qui en découlent pour chacun.

L'autorité et la soumission dans l'Église

L'autorité du Seigneur sur son peuple s'exerce tout d'abord à l'égard de chaque chrétien. Chaque disciple de Jésus doit choisir d'écouter et de suivre le Seigneur. Chaque croyant s'est personnellement engagé au Christ dans le baptême en Christ (1 P 3.21). L'Église ou la famille peuvent instruire et guider mais ne peuvent pas faire ce choix pour l'individu. En outre, le Seigneur appelle chaque croyant à rester fidèle, à persévérer dans la sanctification, à ne pas renier la foi sous peine d'être exposé au jugement de Dieu (voir 1 Co 6 ; Hé 12.25-29 ; 2 P 2.20-22).

Les mises en garde du Seigneur s'appliquent aussi à l'Église, à chaque communauté de croyants. Les lettres du Nouveau Testament sont adressées à des chrétiens et à des Églises. Certaines de ces Églises se trouvent déjà sur la voie de l'apostasie : à Corinthe, en Galatie, à Colosses, à Thessalonique, en Asie. Cette apostasie de l'Église est mise en parallèle avec l'infidélité d'Israël dans l'Ancien Testament (voir 1 Co 10.1-12 ; Hé, chapitres 3 et 4).

La nature même de l'Église veut que l'autorité ne puisse y être exercée d'une manière absolue ou tyrannique ; la soumission, elle non plus, ne peut pas être absolue. L'Église est le temple de Dieu. Ce temple doit être saint, consacré à Dieu. La tyrannie n'a pas sa place dans l'Église. Tout abus d'autorité dans l'Église constitue une déclaration de guerre à l'encontre de Celui qui est le seul chef et seul sauveur de l'Église. La tentation de l'abus d'autorité existe dès les origines de l'Église. Les apôtres s'opposent à cette tentation avec sévérité et mettent en garde les chrétiens à l'encontre de l'orgueil et du mauvais exercice de l'autorité au sein de l'Église :

J'exhorte donc les anciens qui sont parmi vous, moi, ancien comme eux, témoin de souffrances du Christ et participant à la gloire qui doit être révélée : 2 Faites paître le troupeau de Dieu qui est avec vous, non par contrainte, mais volontairement selon Dieu ; ni pour un gain sordide, mais de bon cœur ; 3 non en tyrannisant ceux qui vous ont été confiés mais en devenant les modèles du troupeau (1 P 5.1-3).

Dans l'Église de Corinthe des hommes se donnaient le titre d'« apôtres du Christ » et même d'« apôtres supérieurs » mais Paul écrit : Ces hommes-là sont de faux apôtres, des ouvriers trompeurs, déguisés en apôtres du Christ (2 Co 11.13). Ces faux apôtres voulaient asservir les chrétiens à leurs exigences. Ils allaient jusqu'à dépouiller les chrétiens de leur argent, traiter les chrétiens avec arrogance et même les frapper (2 Co 11.20) ! L'apôtre Jean mentionne aussi le cas de Diotrèphe : J'ai écrit quelques mots à l'Église ; mais Diotrèphe, qui aime à être le premier parmi eux, ne nous reçoit pas (2 Jn 9).

La soumission à de tels hommes est inconcevable au sein de l'Église. De même, les chrétiens et les Églises de Galatie devaient refuser de se soumettre aux faux docteurs judaïsants : Demeurez donc fermes, et ne vous remettez pas de nouveau sous le joug de l'esclavage (Ga 5.1). Ces hommes voulaient contraindre les chrétiens à se faire circoncire (Ga 6.12). Pierre avertit les chrétiens en ces termes :

Il y a eu de faux prophètes parmi le peuple ; de même il y a parmi vous de faux docteurs qui introduiront insidieusement des hérésies de perdition et qui, reniant le Maître qui les a rachetés, attireront sur eux une perdition soudaine. 2 Beaucoup les suivront dans leurs dérèglements et, à cause d'eux, la voie de la vérité sera calomniée (2 P 2.1-2 ; voir aussi : 1 Tm 4.1-5 ; 2 Tm 4.3-5 ; Ac 20.28-30 ; 2 Co 11.13-15 ; Ap 2.1-2).

L'apôtre avertit les presbytres d'Éphèse en leur disant :

Prenez donc garde à vous-mêmes et à tout le troupeau au sein duquel le Saint-Esprit vous a établis évêques, pour faire paître l'Église de Dieu qu'il s'est acquise par son propre sang. 29 Je sais que parmi vous, après mon départ, s'introduiront des loups redoutables qui n'épargneront pas le troupeau, 30 et que du milieu de vous se lèveront des hommes qui prononceront des paroles perverses, pour entraîner les disciples après eux (Ac 20.28-30).

Ces exemples montrent que l'abus d'autorité n'a pas lieu d'être dans l'Église car cet abus met en cause l'autorité souveraine du Christ.

L'abus d'autorité est source d'apostasie, c'est-à-dire d'écart, d'abandon de la foi. L'apostasie de l'Église est annoncée dans le Nouveau Testament et vient à travers le péché de l'orgueil, de l'élévation de l'homme à une position religieuse et spirituelle qui revient à Dieu seul (2 Th 2.3-5, cf. Mt 23.8-10). Une Église peut donc devenir apostate devant Dieu en raison des prétentions ou de l'orgueil de ses pasteurs. L'Église doit être connue pour la place souveraine qu'elle donne au Christ et pour l'humilité de ses pasteurs.

Compléter le corps de Christ

L'Église est le personnage principal du scénario de l'histoire humaine, car elle est une extension de l'incarnation. Cette histoire reste toujours inachevée. Si Dieu tarde à intervenir pour y mettre fin, c'est pour compléter le nombre des élus.

Alors il leur fut donné à chacun une robe blanche et il leur fut dit de patienter encore un peu, jusqu'à ce que fût au complet le nombre de leurs compagnons de service et de leurs frères (Ap 6.11).

La tâche la plus importante que nous ayons dans le monde, c'est de travailler à compléter le corps du Christ, l'Église.

Un jour le monde sera mort et l'Église sera pleinement née. Quand le corps de l'Église est complet, achevé, l'histoire prend fin, tout comme le placenta est expulsé après une naissance. Le monde est la matière première à partir de laquelle Dieu fait l'Église, son peuple, son chef-d'œuvre. Le monde est comme un bloc de marbre dans lequel un sculpteur va tailler une statue. Une fois que la statue est terminée, on jette le marbre qui reste.

L'univers tout entier existe pour le peuple de Dieu et celui-ci existe pour le Christ. Le monde n'est que le théâtre, le décor planté pour les saints. Le monde existe pour l'Église et non le contraire. Bien sûr, dans un sens, l'Église existe pour le monde, pour servir le monde et l'appeler au salut. Mais appeler le monde au salut, c'est l'appeler à l'Église. Le monde est là pour l'Église, pour fournir la matière première dont elle est faite, tout comme un bloc de marbre est là pour la statue.

Il ne faut pas se fier aux apparences sur ce point. Selon les apparences, l'Église est dans le monde ; en réalité, le monde est dans l'Église. C'est comme dans une pièce de théâtre : selon les apparences, la pièce est dans le décor, mais en réalité le décor est dans la pièce. Nous avons l'impression que la pièce existe à l'intérieur de son décor : la scène, la toile de fond, les décors et les accessoires. En réalité, le décor est à l'intérieur de la pièce, c'est un élément de la pièce. Matériellement, la pièce est dans le décor ; spirituellement, le décor est dans la pièce, il fait partie du sens de la pièce. Il en est de même avec le monde et l'Église. Matériellement, l'Église est dans le monde ; spirituellement, le monde est dans l'Église, c'est le décor dans lequel se déroule le dessein de Dieu en faveur des saints.

Seul le chrétien pourra connaître le sens ultime de toutes choses. La science n'en étudie que le décor. La recherche scientifique a sa propre valeur, c'est une entreprise noble et sacrée puisque les cieux déclarent la gloire de Dieu. Et pourtant, le sens de l'univers ne se trouve pas dans les galaxies et les gaz mais dans les enfants de Dieu : ces créatures humaines issues de cet univers qui est notre mère cosmique, les animaux dans lesquels Dieu avait insufflé le souffle de sa propre vie, ces pécheurs qu'il a sauvés et sanctifiés, ces enfants qu'il amènera à la perfection, les seuls êtres de l'univers destinés à devenir participants de la nature divine. Toute la chimie de la vie et toute la providence de l'histoire ne sont que des moyens pour parvenir à cette fin. L'univers est une énorme machine à fabriquer les saints. Tous les quarks et les quasars ne sont que des rouages de la mécanique. L'ouvrage fini, c'est l'Église de Jésus Christ.