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Église du Christ
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Jean 1.1-18

Puisque Jésus est venu, j'ai des nouvelles de Dieu

© Max Dauner

Entrée en matière

Hébreux 1.1-2a (FC) : 1 Autrefois Dieu a parlé à plusieurs reprises et de plusieurs manières par les prophètes, 2 mais dans ces jours qui sont les derniers il nous a parlé par son Fils.

Quand je suis devenu croyant, c'était un acte de foi presque purement intellectuel. J'ai cherché la vérité, j'ai trouvé la vérité, j'ai adhéré à la vérité. Je restais fidèle au Christ, ni à cause des sentiments que cela me procurait, ni parce que je me sentais proche de Dieu, mais parce que j'étais convaincu que la foi chrétienne était vraie.

Remarquez, il n'y a aucun mal à rester fidèle au Christ parce que vous croyez en lui intellectuellement. Au contraire. À mon avis, la plupart des croyants y gagneraient de se centrer un peu plus sur les vérités objectives de l'Évangile et un peu moins sur ce qu'ils ressentent, ce qui se passe à l'intérieur d'eux-mêmes. Nous avons en Amérique un vieux dicton sur le mariage : « Si les bons baisers ne durent pas, il n'en va pas de même des bons petits plats. » Dans un cheminement authentique avec Dieu, la vérité demeure toujours constante, alors que nos émotions font les montagnes russes.

Mais cela ne m'a empêché de me rendre compte que quelque chose manquait dans ma vie religieuse. Je connaissais un tas de faits sur Dieu ; j'avais fait la faculté de théologie, j'avais lu des centaines de livres de doctrine. Je connaissais la Bible et avais un grand amour pour les vérités qu'elle enseigne. Et pourtant il me manquait quand même quelque chose. D'accord, il m'arrivait de temps en temps d'avoir une expérience claire et intense de la présence de Dieu, d'être remué au fond de mon coeur. Mais la plupart du temps, j'avais l'impression que Dieu était parti en vacances au Club Med et m'avait laissé ici pour faire tout le boulot.

Il m'arrivait parfois de vouloir tout laisser tomber. J'ai parfois souhaité n'avoir jamais découvert la vérité de Dieu. Seulement, j'avais déjà fait trop de route avec lui pour pouvoir partir. J'étais allé trop loin, j'avais appris trop de choses pour pouvoir reculer. Alors, j'ai commencé à prier : « Père, tu sais que je ne risque pas de m'en aller. Que tu exauces cette prière ou pas, je t'appartiendrai toujours, je continuerai toujours à enseigner ta parole, à suivre tes voies. Mais, Père, j'en ai marre d'avoir de toi une connaissance purement doctrinale, je veux te connaître, toi. »

J'aimerais bien être en mesure de vous informer, Mesdames, Messieurs, qu'à la suite de cette prière, j'ai entendu une grande voix du ciel, ou que j'ai reçu une vision éclatante ou que j'ai connu une manifestation extraordinaire de l'Esprit Saint. Malheureusement, ce n'était pas le cas. Il s'est passé pourtant quelque chose, quelque chose de beaucoup plus subtil. Petit à petit, Dieu a commencé à centrer mon attention moins sur la religion chrétienne et plus sur le Christ vivant. Moins sur l'exégèse biblique et plus sur l'adoration. J'ai commencé à apprendre à me taire devant Dieu et à m'ouvrir les yeux. Petit à petit, Dieu est en train d'exaucer ma prière. Le texte de la Bible m'apparaît encore plus vivant qu'avant. Même mes livres de théologie sont devenus plus que des systèmes de doctrines : ils décrivent Celui que je connais et que j'aime. C'est une chose de savoir des vérités au sujet de quelqu'un ; c'est tout autre chose de connaître la personne que décrivent ces vérités. Est-ce que le contenu de ma foi a changé ? Pas vraiment. Est-ce que je sers un Dieu différent de celui que je servais avant ? Non. Et pourtant, connaître enfin Celui que j'avais adoré et suivi pendant si longtemps vaut infiniment mieux que de simplement apprendre un tas de choses sur lui.

Introduction

Je vous ai dit tout cela en guise d'introduction à un des plus beaux textes de toute la Bible : le prologue de l'Evangile selon Jean. Ces dix-huit versets nous disent comment le Dieu de l'univers s'est fait connaître à nous. Depuis les premières lueurs de l'histoire, les hommes avaient tourné les yeux vers les cieux, se demandant si Dieu existait vraiment et, si oui, quel genre de Dieu il était. Est-ce un monstre qui exige, pour apaiser sa colère, l'immolation de mes enfants brûlés en sacrifice ? Est-ce un Dieu qui, après avoir mis en marche la machinerie de l'univers et créé les hommes, ne s'embarrasse plus d'eux ? Est-ce que nous comptons pour Dieu ou est-ce qu'il se moque complètement de nous ? Est-ce que moi, je compte pour lui ? Bien avant l'époque du Christ, un bon nombre d'hommes et de femmes avaient reçu et communiqué des vérités sur Dieu. Abraham a fait un pacte avec Dieu et a eu le soin d'en transmettre les termes à ses descendants. Moïse a prétendu que Dieu s'appelait « Je Suis » (Yahvé), et il disait la vérité. Josué a persuadé le peuple d'Israël que Dieu lui donnerait la victoire sur les habitants de la Terre promise, et cela s'est réalisé. David a composé des psaumes sur Dieu qui n'étaient pas simplement de la belle poésie : ils exprimaient des vérités théologiques. Les prophètes ont parlé d'un Dieu qui dirige l'histoire, qui juge les nations et qui aime les hommes ; ils disaient des vérités eux aussi. Un tas de gens connaissaient un tas de choses sur Dieu, des choses vraies.

Et puis un jour, Dieu, le même Dieu dont tant de gens avaient parlé, a parlé lui-même. Il est entré chez nous, dans notre espace-temps, et le monde ne sera plus jamais le même. Jean 1.14 (XLD) : Et le Logos devint chair. Le prologue de Jean décrit l'itinéraire du Logos divin qui devient homme.

On peut diviser notre texte en six strophes : (1) le Logos éternel: versets 1 à 3 ; (2) le Logos « illuminateur » : versets 4 à 5 ; (3) le témoin du Logos : versets 6 à 8 ; (4) le Logos à la rencontre des hommes : versets 9 à 13 ; (5) l'incarnation du Logos: verset 14 ; (6) le Logos incarné révèle le Père et son dessein : versets 15 à 18.

Le Logos éternel

Jean 1.1 (XLD) : 1 Au commencement était le Logos… Que signifie ce titre un peu mystérieux ? Pourquoi Jean ne dit-il pas simplement : « Au commencement était le Christ » ? Ce titre est la transcription du mot grec logos, qui signifie « parole ». Pour nous, une parole est quelque chose de passif. Elle peut être l'objet d'une action – nous pouvons prononcer, écrire, dire, formuler une parole – mais pour nous une parole ne fait rien d'elle-même. Dans la pensée biblique, par contre, Dieu se sert de sa parole non seulement pour exprimer sa pensée mais pour la réaliser, pour exécuter ses projets.

C'est par sa parole que Dieu a créé l'univers, par le souffle de sa bouche (Psaume 33.6, TOB) : Dieu dit et la chose existe. C'est la parole divine qui gouverne le monde, c'est elle qui, sans cesse, intervient dans l'histoire des hommes pour accomplir les projets de Dieu. Esaïe 55.11 (TOB) : 11 Ainsi se comporte ma parole du moment qu'elle sort de ma bouche: elle ne retourne pas vers moi sans résultat, sans avoir exécuté ce qui me plaît et fait aboutir ce pour quoi je l'avais envoyée.

Le titre de logos nous apprend deux choses sur l'homme Jésus. Premièrement, il est la révélation définitive du Père. Parmi toutes les paroles de Dieu dans l'Ancien Testament, Jésus est la parole par excellence. Toutes les révélations antérieures n'ont fait que préparer la venue du Christ. En lui nous recevons la dernière parole de Dieu au monde. À lui a été remise la plénitude de ce que la religion juive ne détenait qu'en partie et de façon obscure : la connaissance du dessein de Dieu.

Deuxièmement, Jésus est le Logos non seulement parce qu'il parle (énonce verbalement des vérités) mais surtout parce qu'il agit pour réaliser le dessein éternel de Dieu, le projet de vie que le Père avait conçu en faveur des hommes bien avant la création du monde. Depuis des siècles, Dieu avait préparé, petit à petit tout au long de l'histoire du peuple juif, la réalisation de ce dessein. Dans la personne du Logos fait chair, le dessein s'accomplit: Dieu dit et cela se fait en Jésus.

Jean 1.1-2 (XLD) : 1 Au commencement était le Logos et le Logos était auprès de Dieu et il était Dieu, le Logos. 2 Celui-ci était au commencement auprès de Dieu. De quelque commencement qu'on puisse parler, quand il s'est produit, le Logos, ce par quoi Dieu révèle et réalise son dessein, était déjà là. 1 Corinthiens 2.7 (FC) : 7 Non, j'annonce la sagesse secrète de Dieu, cachée aux hommes, et que Dieu avait déjà choisie pour notre gloire avant que le monde existe. Le plan de Dieu en notre faveur ne date pas de Vatican II ni de la Réforme ni de saint Augustin ni même de Moïse. C'est de toute éternité que Dieu a fixé son dessein ; il ne risque pas de changer d'idée et de laisser en plan ceux qui y mettent leur espoir.

J'ai lu il y a quelques mois l'histoire d'un groupe d'amis qui organisent une partie de chasse dans un endroit assez isolé. Le dimanche matin arrive, et les quelques croyants dans le groupe, pour pouvoir aller à l'église dans le village le plus proche, doivent se lever à 4h du matin. Alors qu'ils essaient de sortir du gîte de chasse sans réveiller les autres, l'un d'eux regarde avec nostalgie le lit chaud et douillet qu'il venait de quitter et dit:

« Ce serait vraiment dommage qu'on fasse tout ça pour rien. » En effet. Mais le dessein de Dieu n'est pas quelque affaire douteuse inventée au fur et à mesure par une bande d'illuminés religieux. Il procède de l'éternité de Dieu. Notez que le Logos est présenté comme étant en même temps « Dieu » et « auprès de Dieu » ; il est Dieu mais pas au sens réservé au Père. Jean ne se préoccupe pas tant de la nature mystérieuse de la trinité que des rôles respectifs du Père et du Fils vis-à-vis du dessein divin. La conception du dessein de Dieu – sa paternité, si vous voulez – est toujours attribuée dans la Bible à la personnalité du Père, alors que la réalisation de ce dessein est faite par le Logos. Jean 17.4-5 (TOB) : 4 « Je t'ai glorifié sur la terre, j'ai achevé l'oeuvre que tu m'as donnée à faire. 5 Et maintenant, Père, glorifie-moi auprès de toi de cette gloire que j'avais auprès de toi avant que le monde fût. »

Le Logos était auprès de Dieu, intimement lié au Père. Cette communion était son essence, c'était sa gloire. Mais vous savez quoi ? Il y a renoncé. Philippiens 2. 6-7 (TOB) : 6 Lui qui est de condition divine n'a pas considéré comme une proie à saisir d'être l'égal de Dieu. Mais il s'est dépouillé, prenant la condition de serviteur, devenant semblable aux hommes. Il a laissé les gens lui cracher au visage et le blasphémer et le clouer sur une croix. Pourquoi ? Parce que c'était le dessein de Dieu, sa volonté bienfaisante pour nous.

Jean 1.3 (XLD) : 3a Tout fut par lui et sans lui rien ne fut. Saint Augustin avait raison de déclarer que le Logos a tout créé, même les mouches et les moustiques. Mais l'apôtre vise ici beaucoup plus que l'oeuvre initiale de la création. Tout advint par le Logos. Il s'agit de tout le cours de l'histoire sainte, acheminée progressivement vers l'accomplissement du dessein de Dieu ; c'est par le Logos que tout événement survient, que toute révélation arrive. Il a créé l'univers. Il a fait Israël et son histoire. Il a parlé par les oracles des prophètes et par la Loi de Moïse. Le Logos est l'alpha et l'oméga du dessein créateur. Colossiens 1.16 (TOB) : Tout est créé par lui et pour lui.

Le Logos illuminateur

Jean 1. 3b-4 (XLD) : 3 En ce qui fut fait 4 Il était la vie et cette vie était la lumière des hommes. L'illumination apportée par le Logos n'était pas d'ordre purement « religieux ». Son oeuvre n'avait pas pour but de livrer, enfin, aux hommes la religion à dépasser en perfection toutes les autres religions. Dieu ne nous a pas créés pour la religion, il nous a créés pour la vie, une vie éternelle auprès de lui. Les hommes courent après la bonne religion comme c'était une finalité à atteindre et se retrouvent quand même toujours coincés dans les ténèbres. Jésus dira aux hommes les plus religieux de son époque, Jean 5.40 (XLD) : 40 « Pourtant vous ne voulez pas venir à moi pour avoir la vie ! »

Le projet de vie que le Logos réalisait depuis le commencement avait toujours été la lumière des hommes. Psaume 36.10 (TOB) : 10 Car chez toi est la fontaine de la vie, à ta lumière nous voyons la lumière. Tout ce que les hommes possédaient en fait de sagesse religieuse, toutes les connaissances que Moïse et les prophètes avaient du dessein de Dieu ; tout cela relevait du Logos.

Jean 1.5 (XLD) : 5 Et la lumière luit dans la ténèbre et la ténèbre de l'a point arrêtée. Si la lumière luit aujourd'hui, c'est que les ténèbres n'ont pas réussi à l'arrêter dans sa course. L'histoire sainte apparaît comme l'envahissement progressif de la lumière dans les ténèbres ; le dessein de Dieu s'avance à travers les siècles jusqu'à ce que finalement vienne le Christ, qui portera ce dessein à son achèvement. Jean 8.12 (XLD) : 12 « Moi, je suis la lumière du monde. Qui me suit ne marchera pas dans la ténèbre, mais il aura la lumière de la vie. »

Le témoin du Logos

Jean 1.6-8 (XLD) : 6 Il y eut un homme envoyé d'auprès de Dieu: son nom était Jean. 7 Celui-ci vint pour le témoignage: qu'il témoigne de la lumière afin que par lui tous croient. 8 Celui-là n'était pas la lumière, mais qu'il témoigne de la lumière.

Jean-Baptiste n'aurait jamais pu faire connaître aux hommes le dessein éternel de Dieu à leur égard. Savez-vous pourquoi ? Parce qu'il ne savait pas lui-même quel était ce dessein. Grand réformateur religieux qu'il était, Jean n'aurait jamais pu apporter la vie éternelle ni nous dire en quoi consiste notre destinée d'hommes. Comme tous les prophètes et témoins avant lui, Jean était chargé simplement d'orienter les hommes à la venue de la lumière.

À première vue, il paraît surprenant que la lumière ait besoin d'un témoin. Mais quel genre de personnes ont besoin qu'on leur montre du doigt la lumière ? Un seul genre de personnes : nous les aveugles. Nous ressemblons aux poissons qui vivent depuis des générations dans les eaux souterraines des grottes, là où la lumière du jour ne perce jamais: leurs yeux ont disparu, il ne reste que les orbites vides. Voilà pourquoi Dieu est obligé de nous envoyer des prophètes et des messagers pour dire: « Ecoutez, les aveugles! Venez, voilà la lumière. »

Le Logos à la rencontre des hommes

Jean 1.9 (XLD) : 9 Il était la lumière véritable qui, en venant dans le monde, illumine tout homme. Non pas « une » lumière parmi d'autres, mais la lumière.

« Le Logos a toujours été la lumière de tout homme. Il a parlé par la voix des patriarches, mais la plupart de leurs enfants ont rejeté les instructions que leurs pères avaient eu soin de leur transmettre. Il a parlé par la voix intérieure de la conscience, mais on a mis tous ses soins pour l'étouffer. Il a parlé par la voix muette de la nature, mais par un renversement déplorable, on a aimé la créature jusqu'à l'adoration. Il a parlé par les prophètes d'Israël ; mille prodiges opérés en faveur de la nation sainte ; son temple, l'admiration de l'univers. Tout cela, loin de toucher les pécheurs, n'a fait qu'animer leur fureur jalouse contre le peuple saint. Et ce qu'il y a de plus déplorable encore, c'est que plus d'une fois cette nation privilégiée mais à la nuque raide a persécuté en son sein les justes et les prophètes. » (Duquesne, p. 108).

Quand le Logos a parlé et que les prédicateurs ont prêché et que les psalmistes ont chanté et que les prophètes ont prophétisé et que les évangélistes ont évangélisé, est-ce que les hommes ont accouru vers la lumière ? Se sont-ils réjouis de la lumière ? Ont-ils aimé son avènement ? Jean 1.10-11 (XLD) 10 Il était dans le monde et le monde fut par lui et le monde ne le connut pas. 11 Il vient dans son domaine et les siens ne l'accueillirent pas. Il y a là de quoi vous briser le coeur. La Bible retrace toute l'histoire lamentable des hommes qui méconnaissent leur Dieu et refusent sa lumière. Pour Jean, le peuple d'Israël représente en raccourci toute l'humanité, peuple à la nuque raide vers qui le Logos est « venu » tout au long de son histoire et qui lui a résisté. Actes 7.52 (TOB) : « Lequel des prophètes vos pères n'ont-ils pas persécutés ? »

Le dessein de Dieu est-il mis en échec pour autant ? Jean 1.12-13 (XLD) : 12 Mais à tous ceux qui l'accueillirent il leur donna de pouvoir devenir enfants de Dieu, à ceux qui croient en son nom 13 eux qui, non par les sangs ni par un vouloir de la chair ni par un vouloir d'homme, mais de Dieu furent engendrés. Je crois que Jean vise ici surtout le peuple juif. Pour ceux d'entre eux qui sont devenus croyants au nom du Christ, le dessein de Dieu s'est accompli : ils sont devenus par Jésus enfants de Dieu.

Mais pour croire, il fallait avoir été préalablement engendré par Dieu lui-même. Les « sangs » – l'origine raciale, la descendance d'Abraham – ne suffisait pas pour faire d'un juif un engendré de Dieu. La « chair » – les traditions et les idées religieuses humaines – ne suffisait pas pour faire d'un juif un engendré de Dieu. Le « vouloir d'homme » – les efforts religieux humains – ne suffisaient pas pour faire d'un juif un engendré de Dieu. Un tas d'Israélites selon la naissance, un tas de juifs très pratiquants n'ont jamais accédé à la foi en Jésus et ont annulé à leur égard le dessein de Dieu. Un homme est engendré de Dieu au moment où il accueille le Logos, c'est-à-dire au moment où il se laisse instruire par sa parole. Les vrais juifs, ceux qui ont reçu la lumière (certes, vacillante) de l'Ancien Testament, se laisseront mener par elle à la vraie lumière. Cette première révélation était pour eux comme une semence divine. Ils ont accueilli cette semence en eux, Dieu les a engendrés et leur a donné, une fois l'oeuvre du Messie accomplie, le pouvoir de devenir ses enfants. Jean nous dit, en clair, que les vrais juifs sont venus au Christ.

L'incarnation du Logos

Nous arrivons, dans le verset 14, au point culminant du prologue. Jean 1.14a (XLD) : 14 Et le Logos devint chair et il demeura parmi nous. Voilà du nouveau ! La présence en chair et en os du Logos est autre que la présence diffuse de la lumière dans la création et dans l'histoire d'Israël. L'espérance devient réalité ; les mots prennent un visage ; celui qui a créé l'univers, qui le soutient et dirige son histoire, le Dieu omnipotent, omniprésent, omniscient vient dans notre monde fini. Pour nous révéler parfaitement qui il est et quelle destinée nous sommes appelés à vivre par lui, le Logos devient un homme qui parle notre langage. Vous vous rendez compte !

Il y a quelques années, un prêtre sociologue a fait aux Etats-Unis un sondage pour déterminer les raisons pour lesquelles les gens abandonnaient leur foi en Dieu. Certains, par exemple, avaient cessé de croire parce qu'ils pensaient qu'il y avait trop d'hypocrites dans l'Église. Moi, je n'ai jamais été trop impressionné par cet argument. J'ai toujours envie de répondre : « Oh, ne vous laissez pas arrêter par ça. Il y a toujours assez de place pour un hypocrite de plus. »

Une des raisons citées, par contre, m'a frappé par sa profondeur. « Ce n'est pas que la foi a trop exigé de moi, c'est qu'elle m'a trop promis. Ce n'est pas que l'Évangile était trop difficile à croire, c'est plutôt qu'il était trop beau pour être vrai. Un Dieu de puissance et de majesté infinies accepterait-il vraiment de se pencher sur la terre, me prendre dans ses bras et me réclamer comme son enfant, un enfant à qui il tient comme à la prunelle de ses yeux ? Je ne pense pas. Ca serait trop beau. » Je suis persuadé qu'une bonne partie de l'incrédulité de notre époque vient autant de la peur d'être déçu que des objections d'ordre intellectuel.

Un pasteur américain (en civil) était assis un jour à côté d'une femme dans un avion, et au cours de leur conversation ils ont abordé le sujet du christianisme. Quand elle a appris que lui était pasteur, elle a tout de suite changé le sujet. (Cela m'arrive tout le temps). Elle a dit : « Ecoutez, mon révérend, je ne veux même pas entendre ce que vous avez à dire. J'ai déjà connu assez de déceptions comme ça. Je ne peux simplement pas prendre à nouveau le risque de parier sur l'espoir. »

Nous perdons nos rêves, certains parce qu'ils sont trop horribles, des cauchemars d'égoïsme ; d'autres rêves, nous les perdons parce qu'ils sont trop beaux. Nous ne supportons pas l'espoir de les voir se réaliser parce que nous avons peur d'être déçus. La bonne nouvelle de l'incarnation nous dit que le rêve s'est réalisé. Dieu a changé le conte de fées en vraie histoire. Il nous a révélé le sens de notre vie. Il nous a apporté la joie, le pardon, l'espérance, la liberté. Il y a un « happy end », un dénouement heureux. Dieu est entré dans notre monde !

Jean 1.14b (XLD) : 14 Et nous avons vu sa gloire, gloire de Fils unique envoyé d'auprès du Père, rempli de la grâce [et] de la vérité. Dans l'ensemble, la vie du Christ n'est pas ce que nous appellerions aujourd'hui glorieuse. Il a prêché à quelques milliers de paysans au fond d'une des provinces les plus perdues d'un empire depuis longtemps disparu. Et encore, il n'était pas souvent dans la capitale. Il a rassemblé autour de lui une petite bande de disciples – des péquenots galiléens pour la plupart – a fait un certain nombre de prodiges, a suscité un grand nombre d'ennemis. Il a été trahi par un de ces disciples les plus intimes et renié par un autre. Il est mort pendu à une croix. Où est la gloire dans tout cela ?

Jean est en train de nous dire que Dieu n'a pas besoin du clinquant, de toute la panoplie d'accessoires de la pompe humaine pour montrer sa gloire. Un jour, le grand chanteur d'opéra Jan Klepura se plaignait à son agent qu'un autre chanteur recevait plus de publicité que lui. Il ne voulait pas être privé de la gloire qui lui était due. Son agent a répondu : « C'est que les messieurs de la presse vous trouvent prétentieux et ne veulent pas faire un papier sur vous. » Le chanteur n'en croyait pas à ses oreilles. « Comment, prétentieux ? Moi, le grand Klepura ? »

Le Logos incarne et révèle le Père et son dessein

Jean 1.15 (XLD) : 15 Jean lui rend témoignage et il s'écrie : « C'était celui dont j'ai dit : 'Celui qui vient après moi est au-dessus de moi, car avant moi il était.' » Qui est né le premier, Jean-Baptiste ou Jésus ? Jean-Baptiste. Qui a commencé son ministère public le premier, Jean-Baptiste ou Jésus ? Jean-Baptiste. Et pourtant, Jésus était avant Jean. Le Christ n'est pas un envoyé de Dieu comme les autres: il tire son origine du monde le l'éternité.

Après le témoignage de Jean-Baptiste, celui des chrétiens. Jean 1.16-17 (XLD) : 16 Oui, de sa plénitude nous avons tous reçu : grâce pour [gr. « à la place de »] grâce, 17 car la Loi fut donnée par Moïse, la grâce de [gr. « et »] la vérité fut par Jésus Christ. La religion juive a préparé la venue du Christ, c'était une première grâce accordée aux hommes. La seconde grâce, par contre, n'est pas – attention – une seconde religion donnée pour remplacer la première, c'est la venue de la plénitude de la grâce et de la vérité dans la personne même du Logos incarné. La seconde grâce est une personne : Jésus Christ. C'est lui le chemin, la vérité, la vie. Ce n'est pas le « christianisme ». D'ailleurs, que serait le christianisme sans le Christ ? Rien qu'un « isme ». Rien qu'une philosophie ou une religion de plus.

Jean 1.18 (XLD) : 18 Dieu, personne ne l'a jamais vu, le Fils unique, Dieu qui est vers le sein du Père celui-là l'a raconté. Lui seul le pouvait. Pourquoi ? Parce que d'une part, il est lui-même Dieu, intimement uni au Père ; personne n'a jamais vu le Père comme le Fils unique. D'autre part, il est lui-même un être humain et donc saisissable par les hommes. Le Logos est devenu chair afin que nous n'ayons plus à nous contenter de savoir des choses sur Dieu mais pour que nous puissions le connaître, lui. Si nous connaissons Jésus Christ, Dieu n'est pas un étranger pour nous, mais un Père.

Conclusion

Paul Harvey, le plus célèbre des commentateurs à la radio américaine, racontait l'histoire d'un homme qui était athée. La femme et les enfants de cet homme étaient croyants, et à chaque Noël ils assistaient à la messe de minuit, alors que lui restait à la maison et lisait le journal. Puis quand le reste de la famille rentrait de l'Église, ils ouvraient tous ensemble leurs cadeaux et célébraient la fête en famille.

Un certain Noël, la mère et les enfants partent à l'Église comme d'habitude ; et, comme d'habitude, le père reste chez lui et lit son journal. Tout d'un coup, il entend des coups sourds venant de la salle de séjour et il va jeter un coup d'oeil. Il voit que dehors une tempête de neige s'est levée et que des oiseaux, cherchant à s'abriter dans la maison, viennent s'écraser en plein vol contre la baie vitrée. Plusieurs d'entre eux gisent déjà par terre.

L'homme décide de venir au secours des oiseaux. Il met son gros manteau puis ses bottes et sort dans le jardin. D'abord, il agite les bras dans tous les sens pour éloigner les oiseaux de la fenêtre. Malheureusement, ils le prennent pour un ennemi et dans leur panique percutent en plein vol contre le vitre. Bon, il va essayer autre chose. Il se dirige vers la grange, ouvre grand les portes et allume toutes les lumières, espérant que les oiseaux verront la lumière et viendront chercher la chaleur. Hélas, tous ses efforts pour les attirer vers la grange ne font que les faire fuir.

Alors qu'il reste là dans la tempête à regarder les oiseaux, il se dit : « Mais qu'est-ce qu'ils sont bêtes ! Ils n'ont rien compris, ces oiseaux. Si seulement je pouvais trouver le moyen de communiquer avec eux. Si seulement je pouvais trouver le moyen de leur faire comprendre que je ne suis pas leur ennemi. Si seulement je pouvais… devenir un oiseau, alors là je pourrais leur faire comprendre. »

Juste à ce moment-là, les cloches de l'Église se mettent à sonner, ce qui amène les pensées de cet homme vers Dieu. Il commence à penser à ce que Dieu doit ressentir dans son désir de communiquer avec les hommes. Dans un éclair de compréhension et de lumière, il se rend compte de ce que signifie vraiment la fête de Noël. Il tombe à genoux dans la neige et prie : « O Dieu, aie pitié de moi, je n'avais pas compris. Je n'avais pas compris. »

Voilà ce qui s'est passé quand le Logos est devenu chair. Le Dieu de l'univers est entré dans notre monde, il est devenu l'un de nous afin que nous puissions comprendre.

Prière

« Père éternel, comment pouvons-nous saisir tout ce qu'est ton amour ? Et que pouvons-nous faire pour t'aimer comme tu nous aimes ? Car tu es trop grand pour que nous osions seulement penser à pouvoir faire quelque chose pour toi. Au moins, fais de nous et en nous ce que tu veux. Au nom de Jésus Christ. Amen. »